Robba
 



Une pensée écologique en Corse ? Bernard Stiegler & noi...

Peu de temps avant la mort de Bernard Stiegler, l’équipe de Robba l’avait rencontré en Balagne, très exactement le 14 juillet à Pigna. Habitué des lieux, il avait souhaité nous présenter le projet d’Archipel du vivant auquel il souhaitait associer la Corse.
Conquis par les mots autant que par les convictions de notre interlocuteur, c’est avec modestie que nous nous sommes efforcés d'assimiler ses travaux pour y trouver des réponses aux enjeux particuliers de notre île. Le texte qui suit restitue notre réception de la pensée du philosophe disparu au moment même où s’ébauchait un projet prometteur pour la Corse. Sans doute la force et la faiblesse de ces paragraphes tiennent-elles au fait qu’aucun d’entre nous n’est philosophe... Désireux néanmoins de penser la Corse dans le monde, nous souhaitons ici partager ces réflexions.



Eugenia Loli, collage
Eugenia Loli, collage
Comment habiter la Corse ? Dorénavant. La question introduit les conséquences de l’anthropocène sur notre manière d’habiter la Corse. Car il ne s’agit pas d’agir localement pour pouvoir penser (seulement) globalement, il est tout aussi impérieux de penser localement.
L’urgence climatique et ses effets écosystémiques imposent ce que Bernard Stiegler appelle une reconquête de l’espoir, laquelle suppose une régénération de la pensée. Il s’agit de travailler aux dimensions du vivant en s’affranchissant des dimensions qu’imposent la rationalité néolibérale par essence a-territoriale, sa vulgate et ses expressions gestionnaires souvent désengagées des besoins et des désirs de la majorité des habitants.  Si l’écologie scientifique a construit sa doctrine à partir des dimensions biophysiques du vivant, la pensée écologique intègre au modèle biologique toutes les voies du vivre ensemble : l’existence est toujours coexistence. Dans cet esprit, « penser écologique a à voir avec l’art, la philosophie, la littérature, la musique et la culture » en refusant toute réduction scientifique ou politique de l’écologie. L’ouverture est de taille, intègre des dimensions matérielles et spirituelles et autorise l’expérimentation sociale.
Lorsque Stiegler nous a présenté le projet d’archipel des vivants , nous y avons vu non pas un exercice de comparaison, mais une source d’inspiration créatrice. L’archipel des vivants est un programme de recherche radical qui prend pour objet et pour projet de connecter des communautés humaines, unies par une volonté de valoriser leur capacité créative, leur savoir et leur milieu. Nous y avons vu une voie pour identifier des points d’appui et des solutions possibles, toujours singulières, mis en œuvre par les populations au sein de leur milieu de vie. La perspective globale de Stiegler est de rendre possible l’acte de pensée pour répondre au désir de changer les conditions d’existence actuelles et de se diriger vers un système socio-écologique durable.
Nous avions suggéré une contribution de la Corse en raisonnant sa condition d’île-montagne faite de vallées et de territoires en mosaïque. Une marge singulière où les tensions et les ruptures offrent des prises directes pour repenser les interdépendances au sein du vivant.
 

Une pensée locale et des enjeux planétaires : d’où partir ?

La Corse et ses territoires
Souvent perçue comme un territoire d’expression du particularisme, la Corse peut tout autant être conçue comme un territoire-laboratoire. Plus précisément, la particularité de ses traits fait d’elle un formidable creuset pour penser et analyser l’anthropocène. L’intuition de Bernard Stiegler rejoignait en ce point une conviction ancienne explorée en Corse au tournant des années 1990 et du concept d'"île-laboratoire" forgée par Anne Meistersheim.
En Corse, le concept de territoire nous est en effet familier. Il configure notre vision de l’espace, nos projections sociales, temporelles et symboliques. Pour les géographes, il désigne une portion d’espace appropriée. Pourtant le territoire infra-insulaire est aujourd’hui impensé ou mal pensé. Pris dans un glacis communautaire, il ne reste du village et des anciennes pieve qu’une vision fantasmée qui les écarte du champ des ressources locales au profit du dynamisme urbain et littoral. Comment se projeter si l’on met de côté une partie essentielle de ce qui constitue notre rapport historique à la terre. Comment édifier avec succès une pensée écologique réelle, reterrestrée ?  
Privée de ses anciens territoires de vie, frappée d’incapacité par la doxa libérale, la Corse n’est pas dans le tempo. D’aucuns ont rêvé de son industrialisation, puis d’une post-industrialisation, d’un pilotage touristique de son économie, aujourd’hui d’autres la voit comme le lieu de tous les possibles.
Décrite comme une société d’interconnaissances, la Corse est privée de ses localités, de son échelle d’action privilégiée. La sociabilité urbaine montre pourtant ses limites notamment dans sa capacité à appréhender les enjeux écologiques. Combien de bannières, de collectifs et d’entrepreneurs de l’écologie-discipline pour affronter la crise écologique ! Par ailleurs, nous assistons en Corse à l’émergence de nouveaux territoires qui doivent plus à des constructions institutionnelles qu’à des dynamiques d’acteurs, faisant courir le risque collectif de l’émergence de nouvelles féodalités. 
 
La corse territoire-laboratoire
Le concept de « laboratoire » pour qualifier les innovations sociales connaît un vif succès et les « lab » foisonnent sur l'île. L’idée d’expérimentation territoriale progresse et n’est plus comprise comme une expérience risquée que l’on réserve au territoire de marge.
De la philosophie de Bernard Stiegler, nous avons donc reçu sans effort l’idée de Territoire-Laboratoire qu’il concevait comme le creuset de « l’archipel du vivant ». De la même façon, nous avons fait nôtres toutes les promesses de mise en partage d’innovations sociales avec d’autres territoires du monde. Car l’expérimentation territoriale est introversion au sens où elle ne peut produire qu’à partir de ce qui compte pour les habitants mais elle est également extraversion par ses connexions multiples au vivant, elle se donne pour objectif la constitution d’un réservoir de solutions donnant matière à penser à d’autres localités et à d’autres territoires dans un esprit contributif.
Se mettre dans les dispositions du changement signifie pour Bernard Stiegler réinventer son monde proche, agir à ses dimensions. Se mettre en mouvement en acceptant les ruptures et les hybridations, en imaginant les bifurcations.
Une troisième voie se dessine alors pour la Corse : celle qui se dégage de l’immobilisme d’une culture essentialisée ne permettant plus d’habiter la Corse mais aussi, et tout autant, celle qui se déprend d’un enthousiasme à la fois naïf et idiot qui envisage la Corse comme une page blanche offerte sans condition à tout récit pour peu qu’il ait les accents de la modernité.
 

Une île au métabolisme malade

L’entropie : une dissipation des énergies et des connaissances
L’entropie, concept emprunté par Stiegler à la thermodynamique, s’avère utile au diagnostic de la Corse contemporaine. L’entropie exprime la dissipation de l’énergie disponible aux activités humaines. D’un point de vue historique, l’évolution démographique de l’île est entropique. La Corse du XXème siècle est faite d’oscillations, de pertes drastiques et de gains de population, qui traduisent des capacités productives changeantes et amoindries [1]. Des pertes de bras et un délestage de savoirs qui ont été peu propices à l’établissement d’une activité économique stable.
L’entropie est manifeste lorsque l’on observe les flux de matière de la Corse contemporaine.  L’ile consomme, bien plus que sa capacité à produire des marchandises et à traiter ses propres déchets (cf Robba ). Bien éloigné d’un métabolisme circulaire où les flux entrants et sortants circuleraient idéalement sur le seul territoire insulaire, la Corse procède de ce que les spécialistes appellent un métabolisme linéaire où les flux de matières consommés et rejetés nécessitent la contribution d’autres territoires comme l’importation de denrées alimentaires ou l’exportation de déchets.
Mais la métaphore organique peut être également utile pour poser un diagnostic global. Le métabolisme de la Corse est pathogène au sens où il produit ses propres toxines. La surconsommation observée a été possible jusqu’ici à la faveur d’une économie de la rente (transferts de retraites, pensions et aides diverses) poursuivie d'une autre manière, par les activités touristiques (« vue sur mer », « air montagnard », « soleil et plage »). Il s’en suit l’adoption d’un mode de vie structuré autour d’une consommation débridée et toxique (l’île détient le record de croissance des surfaces commerciales).
L’hyperconsommation est à l’origine d’inégalités aujourd’hui attestées par l’INSEE (taux de pauvreté le plus élevé de France) et par la dépendance aux crédits qui engendre un « reste à vivre » parmi les plus faibles de France. La littoralisation consécutive à une économie principalement touristique et résidentielle intensifie les déséquilibres territoriaux laissant vide de sens le rapport aux anciens milieux productifs de l’intérieur, soit les ¾ du territoire insulaire.
La principale manifestation de ces phénomènes est la disparition du village du champ de préoccupation des politiques publiques. Pourtant, le double processus de désaffiliation villageoise et familiale en cours défait les liens essentiels à partir desquels une nouvelle société connectée - au milieu de vie et à ses conditions d’existences - pourrait naître. Le village contient une partie de la solution d’accueil des populations s’installant aujourd’hui sur le littoral (taux de croissance démographique et taux de résidence parmi les plus élevés de France) pour peu qu’elles soient accompagnées et pensées dans le cadre renouvelé de l’anthropocène.
Or, le cadre de l’action économique semble figé. Là où la pensée dominante voit l’expression d’un développement (BTP, services et transports), il faut voir l’expression d’une extrême dépendance aux anciens modèles de production de la richesse. L’agrandissement de l’aéroport de Figari, au moment même où le transport aérien est remis en cause du fait de ses émissions, l’installation d’une usine de stockage de bitume au beau milieu du port de la station balnéaire de Prupià ou encore le projet de création d’une usine de traitement thermique alimentée par des déchets tout venant (Combustible Solide de Récupération) à Aiacciu, illustrent les adhérences aux anciennes conceptions et la difficulté de déployer une économie bâtie sur une pensée écologique.
Ce défaut de connaissance des enjeux contribue à l’absence quasi-totale d’une capitalisation dans la bioéconomie, secteur où l’île est particulièrement riche en ressources. De même que ne sont pas pris en compte les nuisances engendrées par les divers registres de dépendances. Il s’en suit une mésinterprétation des résultats économiques faisant passer les programmes immobiliers, la croissance urbaine et les gains démographiques pour des signes de développement. 
 
La néguentropie : pour une pensée écologique opérationnelle
L’île a fait de sa quête historique d’autonomie une dimension identitaire majeure de son être collectif. Jusqu’ici, cette quête s’est réduite à une conquête politique ignorante des multiples apprentissages à l’action collective, à la délibération et plus généralement à la démocratie qu’exige une telle aspiration. Or, l’individualité corse est aujourd’hui dissociée de ses appartenances et livrée à un individualisme effréné qui s’oppose à toute forme d’individuation personnelle et collective et a fortiori à une souveraineté nationale mâture.
Pourtant, nous soutenons que les aspirations à une plus grande souveraineté participent d’un processus néguentropique. Stiegler mobilise ce concept pour définir les voies d'organisation sociale non dissipatives sur la base d'une nouvelle conception du travail.
Limiter la dissipation des énergies humaines et plus généralement du vivant par la mise en œuvre d’une conscience écologique globale, située autant qu’universelle, constitue le programme, souvent mal compris, des tenants de l’autonomie territoriale et de leurs opposants. Ce chemin est proche de celui contenu dans le concept d’internation énoncé par Stiegler. Recouvrer une capacité politique ouverte au plus grand nombre suppose de construire une capacité productive durable répondant en l’occurrence, à des principes d’équité et de justice sociale.
 
Nous reprenons les concepts de néguentropie et d’entropie à notre compte en les formulant de la façon suivante : la néguentropie est pour nous la capacité des habitants à associer des ressources du milieu à des fins de valorisation marchande et/ou symbolique. A l’anthropie (néologisme utilisé par Stiegler pour signifier le cadre de l’anthropocène) qui décompose les milieux-ressources, il est possible d’opposer une intelligence collective opérationnelle, une capacité associative qui compose de nouvelles ressources en ayant recours à l’inventivité.
Le succès de la professionnalisation et de l’organisation en filières de production des anciennes activités agropastorales, particulièrement celles liées à la transformation alimentaire (charcuterie, farine de châtaigne, fromages, biscuiterie et tant d’autres etc.) appelle un examen critique. Si ce type de structuration a permis la valorisation de savoir-faire qui étaient en voie d’extinction, il conduit à un cloisonnement et à la mise en place de barrières à l’exercice du métier et, dans certains cas, à un habitus corporatiste. La spécialisation sur le mode de la filière contient des promesses mais aussi des limitations, notamment l’accès aux ressources, du point de vue de l’économie contributive et dont il est question ici : « Un ensemble de pratiques spécifiques qui renvoient aux participations de contributeurs librement investis dans l’activité et qui acceptent de coopérer et de diffuser leurs connaissances sans attendre de contrepartie sous la forme d’un équivalent monétaire »
 

[1] 1900 : 300.000 habitants vivant d’une économie agropastorale autosuffisante et pratiquant un nomadisme entre plaine et montagne.
1960 : 170 000, reflux très important, fruit des départs et d’une économie tertiarisée
2020 : 330 000 habitants vivant d’une économie littoralisée et de la ressource « vue sur mer ».
 

La centralité des savoirs et de la technique

Alors que la surconsommation et la massification ont progressé en moins d’un siècle dans l’île, les savoirs des générations précédentes n’ont été que faiblement transmis. Ces savoirs construits dans un rapport direct avec les milieux de vie se sont érodés. Les exemples de savoirs domestiques (en Corse, disons plutôt paisani), aujourd’hui disparus (ou captifs d’un régime professionnel), sont nombreux et variés. Notons ceux relevant de l’être au monde intimement liée à la langue corse (les registres de langage, les mises en récit, les savoir conter, les connaissances et savoir-faire dits naturalistes, d’ordre botanique, géomorphologique, topologique, ceux des sols et du vivant dans toute son étendue), ceux du faire avec le vivant, (savoir-faire jardinier, tuaison, transformation et conservation des aliments, usages culinaires etc.) ou encore plus subtils, ceux du faire avec et pour les autres (savoir être, savoir combiner, ajuster, coopérer).
Faisant suite à Stiegler, nous voyons dans ce délestage très rapide peu compensé par de nouveaux savoirs, la source principale de l’entropie et la cause profonde du déséquilibre territorial actuel. La perte des savoirs liée à l’usage des différents espaces péri-villageois (hortus, ager et silva ) en est l’illustration la plus accomplie.
Nous retrouvons ici encore le fonctionnement d’un métabolisme territorial toxique générateur de violences diverses faites au vivant (délinquance rurale, phénomènes mafieux …) et de nuisances faites aux milieux de vie (incendies, bétonisation, perte de la biodiversité, déchets, nuisances sonores, olfactives, etc.). 
 

La recherche contributive : une pensée écologique dans l’action

Atterrir en contexte de déterrestration
L’enjeu est de ré-habiter la Corse; c'est-à-dire reprendre maille avec l’espace de ses territoires; c’est-à-dire combiner, ajuster et agencer les pratiques d’hier et d’aujourd’hui au moyen de formes d’organisation et de gouvernance nouvelles. Les savoirs sont au centre du jeu. Le propos est de les valoriser sans craindre de les transformer ni de les hybrider. A cette grande métamorphose pratique qu’imposent les nouvelles conditions d’existence, les Corses ne sont pas prêts.

Donner des prises pour une conscience retrouvée
Il faut prendre acte de ce fait et s’employer à rendre possible une prise de conscience collective. Il est illusoire de penser à un grand soir écologique. Redonner espoir suppose un réalisme radical et une méthode de construction de nouvelles prises pour atterrir enfin au cœur de la Corse contemporaine. Car une fois la conscience retrouvée, la désespérance guette si aucune prise n’est donnée. Il s’agit d’atterrir sans crainte, dans une Corse transformée pour enfin mettre en problème public les tensions existantes vis-à-vis des milieux de vie, des ressources et des relations sociales.

Posture et méthode
Le territoire est appréhendé comme un espace d’appropriation et d’ancrage mais aussi comme le point de départ et d’arrivée d’un travail de conceptualisation éprouvée localement. Nous suggérons de partir d’un rapport pragmatique au territoire qui procède par l’enquête territoriale. C’est-à-dire une approche qui accorde un intérêt pour tous les langages et toutes les formes de conceptualisation qui agissent sur le territoire. Cela suppose de se déprendre des logiques formelles, mimétiques, automatiques pour affronter les expériences, les perceptions et les vécus des habitants. L’approche s’éloigne des Smart cities, pour privilégier les Real smart cities celles, disaient Bernard Stiegler qui permettent l’expression et le déploiement de l’intelligence des habitants. Dans le cas de la Corse, le village constitue l’espace territorial qui présente la plus forte intensité du rapport au vivant.
Pratiquer la recherche contributive s’inscrit dans un programme de recherche-action opéré au sein d’ateliers de capacitation. Une posture que nous adoptons car elle ne disjoint pas l’apprentissage individuel et collectif.
 
A l’instar de la plupart des sites de recherche en France, la Corse a tout à apprendre et tout à gagner du dialogue interdisciplinaire ou mieux des approches transdisciplinaires. Dans la perspective qui nous intéresse, elle consiste à maintenir les objets étudiés dans l’état et l’acception que leur confèrent les acteurs, sans chercher à réduire leur complexité selon les cloisonnements disciplinaires, souvent synonymes d’appauvrissement.
Cela ne signifie pas renoncer à la production de connaissances disciplinaires et génériques potentiellement transposables, mais dans un second temps seulement. En effet, développer une intelligence collective locale et trans-territoriale suppose des opérations de traduction, lesquelles doivent être pensées selon plusieurs strates de sens. Les dimensions linguistiques et langagières sont cruciales dans ses fonctions véhiculaires et symboliques particulièrement dans un contexte de diglossie (cf Robba ).
 
 

Pour aller plus loin
Collectif internation, 2020, «  Bifurquer, Il n'y a pas d'alternative », coordonné par Bernard Stiegler, Les liens qui libèrent.
Latour Bruno, 2017, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, la découverte.
Morton, Timothy 2019, « La Pensée écologique », traduit de l’anglais par Cécile Wajsbrot, Paris, Éditions Zulma, 272 pages.
Le Berre, Maryvonne, 1995, « Territoires » in Antoine Bailly, Robert Ferras, Denise Pumain (dir.), Encyclopédie de géographie, Economica, 1995 (2e éd.).
L'île Laboratoire : colloque de l'Université de Corse, 19-21 juin 1997 de Anne Meistersheim (Auteur), A. Piazzola

 


 
Jeudi 25 Mars 2021
A squadra


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