Robba
 



Pensée constructive et rénovation architecturale



Le 4 octobre dernier était dévoilée la réhabilitation de la citerne Nord de la caserne Padoue, au coeur de la citadelle de Corti. Cette étape a été pensée comme une préfiguration de l’opération de réaménagement de la caserne, chantier n°3 du programme Citadella XXI pour la requalification de la citadelle de Corti. Destiné à une programmation culturelle annuelle, l’enjeu de ce nouvel espace est la démonstration, à échelle réduite, du potentiel de valorisation patrimoniale et culturelle de la caserne, dont 40% de la surface restent à ce jour inutilisés.
Cette réhabilitation permettra des collaborations avec les différents maîtres d’usage actuels des lieux et ceux à venir, sur des projets de diffusion et de médiation, dans l’esprit collaboratif et partagé du projet en cours pour Padoue.
C’est l’architecte Elodie Mussier, à la tête de l’atelier M, qui a été retenue pour réaliser cette rénovation. Elle nous livre ici quelques éléments de sa pensée constructive.



Elodie Mussier
Elodie Mussier
Dans la citerne, on flâne, on admire, on a juste besoin d’espace, de recul, de profondeur et de perspectives. Difficile dans un volume si pincé et longiligne lorsqu’on y entre latéralement… d’où la formalisation d’un garde-corps à claire-voie qui conserve la perspective plongeante sur la citerne et qui affirme sa hauteur en venant connecter le sol et le plafond par des tubes métalliques : Telle une harpe pour un nouveau lieu artistique.
Quant à l’escalier originel d’accès à la citerne en pierres massives il était impensable de le démolir ou le cacher, mais il fallait répondre à un usage qualitatif pour descendre dans la citerne. Certains me diraient pourquoi monter pour redescendre, et bien, tout simplement pour ne jamais oublier que ce lieu était une citerne et non une salle d’exposition.

Le dispositif de l’escalier de la citerne a donc été pensé comme un appontement -pincé lui aussi- nous sommes ou nous nous imaginons en milieu maritime… les vieilles poutres en bois se devaient d’avoir un aspect vieilli comme immergées depuis des décennies, un futur déjà-là.
La liaison entre ces deux espaces a été traitée par un encadrement en bois afin de générer une force dans le ressenti de la découverte de ces deux espaces contrastés. L’un enduit de chaux, l’autre laissé brut : l’un éclairé par 3 lunes et l’autre par 3 soupiraux.

Et pour finir, qui dit exposition dit modularité des œuvres, la surépaisseur des murs de la citerne situé à une altimétrie de 2,20m offrait tout : en y installant un couronnement -toujours en bois : ce fil rouge- sur lequel on viendrait fixer des cimaises répondait à la programmation.
L’électricité et l’éclairage ont eux aussi fait partie de cette pensée, aucune saignée, également impensable, il fallait assumer et faire de cette contrainte une identité scénarisée. Ces gaines en tissu beige ponctuent les espaces et attisent la curiosité, on peut se demander si elles sont pérennes ou éphémères.

Je remercie également tous les artisans qui ont réalisé dans la plus grande conformité mes dessins, sans eux, le projet serait juste un rêve… leur savoir-faire et leur passion ont permis d’affirmer cette pensée constructive.

 


Pour en savoir plus

Samedi 28 Octobre 2023
Elodie Mussier


Dans la même rubrique :
< >

Dimanche 20 Octobre 2024 - 08:37 Du cycle du sel dans les Cyclades – sin’à noi