Sortir « bousculé » d’un film est sans doute la preuve que celui-ci a rempli sa fonction première : celle de susciter une vague intense d’émotions. Sur ce point, comme sur tant d’autres, assurément, Le Royaume va au-delà de toute attente. En effet, nous ne ressortons pas indemnes de ce film.
Il a l’effet d’un coup de poing au cœur, de ceux qui ébranlent et laissent haletants, nous interrogeant sur les autres, sur notre société, sur nous-mêmes, nos intrications, nos lacunes, nos espoirs, nos contradictions, leur complexité parfois lancinante... Et chacun, à ces questions existentielles, en fonction de ses sensibilités et parcours respectifs, apportera les réponses, par bribes ou non, assurées ou tâtonnantes, qui lui sembleront les plus justes.
Mais là n’est pas l’essentiel de notre propos même s’il nous semblait important de débuter ce commentaire par l’appréciation générale tout à fait positive de ce film. Aussi voudrions-nous plutôt nous attacher à évoquer ce film à travers ce qui nous est apparu comme l’élément central qui structure la narration et toute la tension qui s’en dégage : le dualisme permanent.
Dualité entre les personnages ; dualité des sentiments ; dualité entre le Bien et le Mal (pour le dire un peu schématiquement) ; dualité entre les dits et les non-dits, l’explicite de la parole exprimée et l’implicite des silences sublimés par le regard perçant de la jeune et brillante comédienne Ghjuvanna Benedetti, Lesia à l’écran ; dualité linguistique avec une alternance entre le français et le corse ; dualité entre le sacré et le profane ; dualité encore entre ce qui appartient universellement au genre humain et ce qui particularise ce film en l’ancrant singulièrement dans un territoire, la Corse, l’île de Corse, théâtre rocheux et liquide d’un sinistre et saisissant huis clos.
Rappelons que la dualité se définit par ce qui est double et/ou qui est composé de deux entités dont la nature est différente et qui peuvent s’opposer. Tout dans le film transpire cela et nous éclabousse pour mieux nous tenir en haleine et soumettre le spectateur à une pure émotion.
Il a l’effet d’un coup de poing au cœur, de ceux qui ébranlent et laissent haletants, nous interrogeant sur les autres, sur notre société, sur nous-mêmes, nos intrications, nos lacunes, nos espoirs, nos contradictions, leur complexité parfois lancinante... Et chacun, à ces questions existentielles, en fonction de ses sensibilités et parcours respectifs, apportera les réponses, par bribes ou non, assurées ou tâtonnantes, qui lui sembleront les plus justes.
Mais là n’est pas l’essentiel de notre propos même s’il nous semblait important de débuter ce commentaire par l’appréciation générale tout à fait positive de ce film. Aussi voudrions-nous plutôt nous attacher à évoquer ce film à travers ce qui nous est apparu comme l’élément central qui structure la narration et toute la tension qui s’en dégage : le dualisme permanent.
Dualité entre les personnages ; dualité des sentiments ; dualité entre le Bien et le Mal (pour le dire un peu schématiquement) ; dualité entre les dits et les non-dits, l’explicite de la parole exprimée et l’implicite des silences sublimés par le regard perçant de la jeune et brillante comédienne Ghjuvanna Benedetti, Lesia à l’écran ; dualité linguistique avec une alternance entre le français et le corse ; dualité entre le sacré et le profane ; dualité encore entre ce qui appartient universellement au genre humain et ce qui particularise ce film en l’ancrant singulièrement dans un territoire, la Corse, l’île de Corse, théâtre rocheux et liquide d’un sinistre et saisissant huis clos.
Rappelons que la dualité se définit par ce qui est double et/ou qui est composé de deux entités dont la nature est différente et qui peuvent s’opposer. Tout dans le film transpire cela et nous éclabousse pour mieux nous tenir en haleine et soumettre le spectateur à une pure émotion.
Babbu è figliola
Débutons tout d’abord à travers les deux personnages principaux du film : le père (interprété avec brio par Saveriu Santucci) et sa fille. Deux générations et une filiation. Un homme et une jeune adolescente. Le spectateur est ainsi littéralement emporté tout au long du film par cette relation filiale aussi puissante que complexe. Il est pris au milieu d’une tension générationnelle, éducative, sociale, qui nous bouscule dès les premières scènes du film.
Deux réalités se font face, jointes par un lien familial ténu, fragile et magnifié à l’écran. Le spectateur pourrait être sommé en quelque sorte de choisir son camp, son personnage, sa réalité, en validant l’une pour mieux en rejeter l’autre. La tentation est forte.
Avant d’en arriver à cela, le réalisateur accompagné par l’ensemble des acteurs, nous offre à travers le couple – sans doute est-ce le véritable personnage principal du film – un dépassement de ce clivage à travers une épopée syncrétique s’articulant autour d’un puissant amour filial et d’une violence débridée. Et c’est peut-être là, la seconde dualité sur laquelle s’adosse toute la narration.
Ce film laisse apparaître ainsi et de manière concomitante et alternative, une effroyable violence et un magnifique amour. Cela peut déstabiliser le spectateur, confronté à cette forme d’injonction paradoxale permanente : la haine vengeresse ou l’amour destructeur, sorte de fatum familial dont on pressent dès les premiers instants le caractère funeste. Le spectateur pris dans le filet émotionnel est tenu captif jusqu’au dénouement ultime. Ainsi, chaque ostentation de cette sordide violence est « compensée » par autant d’actes d’amour éclos dans la simplicité de l’âme et du regard aimant, intriqué, entre un père et sa fille.
Deux réalités se font face, jointes par un lien familial ténu, fragile et magnifié à l’écran. Le spectateur pourrait être sommé en quelque sorte de choisir son camp, son personnage, sa réalité, en validant l’une pour mieux en rejeter l’autre. La tentation est forte.
Avant d’en arriver à cela, le réalisateur accompagné par l’ensemble des acteurs, nous offre à travers le couple – sans doute est-ce le véritable personnage principal du film – un dépassement de ce clivage à travers une épopée syncrétique s’articulant autour d’un puissant amour filial et d’une violence débridée. Et c’est peut-être là, la seconde dualité sur laquelle s’adosse toute la narration.
Ce film laisse apparaître ainsi et de manière concomitante et alternative, une effroyable violence et un magnifique amour. Cela peut déstabiliser le spectateur, confronté à cette forme d’injonction paradoxale permanente : la haine vengeresse ou l’amour destructeur, sorte de fatum familial dont on pressent dès les premiers instants le caractère funeste. Le spectateur pris dans le filet émotionnel est tenu captif jusqu’au dénouement ultime. Ainsi, chaque ostentation de cette sordide violence est « compensée » par autant d’actes d’amour éclos dans la simplicité de l’âme et du regard aimant, intriqué, entre un père et sa fille.
Una struttura à granitula
Peu de temps avant le visionnage du film, je découvrais une vidéo d’une grande beauté : une vue prise du ciel de la granitula à la Santa di u Niolu, procession religieuse bien connue en Corse. Des hommes et des femmes en tenue de confrères – u camisgiu (avec l’accent tonique sur le « a ») – reproduisant de manière processuelle une spirale, s’enroulant sur elle-même puis se déroulant vers l’extérieur, suivant un mouvement bien précis, symbolisant la rupture et la victoire de la vie sur la mort, le renouveau, la résilience, le cycle de la vie, le redéploiement du monde, la recréation, la régénérescence. On peut lire, toujours sur le site Robba, un article signé Tonì Casalonga qui revient sur la signification de la granitula.
Le film, quant à lui, me fit étonnamment, puisque sans lien apparent, penser à cette vidéo me renvoyant à cette spirale envoutante et aux mots de Tonì Casalonga. Cependant, à l’issue de la projection du film, pointait en moi l’idée totalement contraire à l’esprit de la granitula. En effet, n’avions-nous pas à travers la mise en scène d’une bande mafieuse et l’amour d’une fille et d’un père littéralement pris dans l’étau destructeur de leurs agissements, une forme de ce que nous pourrions appeler une granitula inversée ? Où ce n’était plus la régénérescence de la vie telle que symbolisée par la granitula mais la mort qui se reproduisait, cycliquement, sur elle-même, pour elle-même, la mort engendrant la mort. Point de rupture dans Le Royaume mais la continuité. L’allégorie est trop forte.
Le spectateur est impuissant face à la continuité de cette mort, omniprésente du début à la fin. Rappelons le fait que dans la culture corse, la femme maîtrise la vie et la mort, du moins par ses chants. Ainsi est-elle fonctionnellement celle qui chante la naissance et la vie avec ses nanne (berceuses monodiques) et celle qui chante également la mort et la vengeance avec ses lamenti et vociari (lamentations et vociférations monodiques).
Or, ici, encore une fois, point de vie, point de naissance, ni régénérescence. Le film débute par une scène de chasse à la battue au sanglier, monde fortement dominé par les hommes. Pourtant, Lesia, cette jeune femme au regard candide et déroutant de profondeur, se retrouve elle, de manière inattendue pour le spectateur, chargée d’éventrer un sanglier tout juste abattu (conformément à l’usage en fin de battue), afin de lui retirer les boyaux et le dépecer. Lesia accouche littéralement de la mort et se retrouve par ce geste toute maculée de sang. Le dénouement, avec les dernières scènes, nous montre la même Lesia, avec la même détermination et le même regard face à la mort, mais cette fois en ôtant la vie d’un jeune homme, dont la femme vient d'accoucher quelques instants auparavant, responsable de la mort de son père.
Avec ces deux scènes, du début et de la fin du film, nous ne sommes plus sur le cycle traditionnel lié aux femmes corses accompagnant vie et mort. Lesia débute avec la mort et dans le sang pour terminer avec la mort et dans le sang. Effroyable cycle. Effroyable granitula revisitée. Effroyable Lesia.
Devrait-on même parler à ce niveau de Lesia au pluriel telles les Parques romaines (Parcae), ces trois sœurs de la mythologie romaine appelées Nona, Decima et Morta (que l’on retrouve sous d’autres formes et appellations dans de nombreux récits mythologiques). Les Parques, divinités maîtrisant la destinée humaine, représentées comme des fileuses, président respectivement à la naissance, au déroulement de la vie et à la mort. Lesia, c’est tout cela à la fois, malgré elle, avec cette particularité d’adosser cette maîtrise du destin exclusivement à la mort.
Le film, quant à lui, me fit étonnamment, puisque sans lien apparent, penser à cette vidéo me renvoyant à cette spirale envoutante et aux mots de Tonì Casalonga. Cependant, à l’issue de la projection du film, pointait en moi l’idée totalement contraire à l’esprit de la granitula. En effet, n’avions-nous pas à travers la mise en scène d’une bande mafieuse et l’amour d’une fille et d’un père littéralement pris dans l’étau destructeur de leurs agissements, une forme de ce que nous pourrions appeler une granitula inversée ? Où ce n’était plus la régénérescence de la vie telle que symbolisée par la granitula mais la mort qui se reproduisait, cycliquement, sur elle-même, pour elle-même, la mort engendrant la mort. Point de rupture dans Le Royaume mais la continuité. L’allégorie est trop forte.
Le spectateur est impuissant face à la continuité de cette mort, omniprésente du début à la fin. Rappelons le fait que dans la culture corse, la femme maîtrise la vie et la mort, du moins par ses chants. Ainsi est-elle fonctionnellement celle qui chante la naissance et la vie avec ses nanne (berceuses monodiques) et celle qui chante également la mort et la vengeance avec ses lamenti et vociari (lamentations et vociférations monodiques).
Or, ici, encore une fois, point de vie, point de naissance, ni régénérescence. Le film débute par une scène de chasse à la battue au sanglier, monde fortement dominé par les hommes. Pourtant, Lesia, cette jeune femme au regard candide et déroutant de profondeur, se retrouve elle, de manière inattendue pour le spectateur, chargée d’éventrer un sanglier tout juste abattu (conformément à l’usage en fin de battue), afin de lui retirer les boyaux et le dépecer. Lesia accouche littéralement de la mort et se retrouve par ce geste toute maculée de sang. Le dénouement, avec les dernières scènes, nous montre la même Lesia, avec la même détermination et le même regard face à la mort, mais cette fois en ôtant la vie d’un jeune homme, dont la femme vient d'accoucher quelques instants auparavant, responsable de la mort de son père.
Avec ces deux scènes, du début et de la fin du film, nous ne sommes plus sur le cycle traditionnel lié aux femmes corses accompagnant vie et mort. Lesia débute avec la mort et dans le sang pour terminer avec la mort et dans le sang. Effroyable cycle. Effroyable granitula revisitée. Effroyable Lesia.
Devrait-on même parler à ce niveau de Lesia au pluriel telles les Parques romaines (Parcae), ces trois sœurs de la mythologie romaine appelées Nona, Decima et Morta (que l’on retrouve sous d’autres formes et appellations dans de nombreux récits mythologiques). Les Parques, divinités maîtrisant la destinée humaine, représentées comme des fileuses, président respectivement à la naissance, au déroulement de la vie et à la mort. Lesia, c’est tout cela à la fois, malgré elle, avec cette particularité d’adosser cette maîtrise du destin exclusivement à la mort.
Morte & Fatum
Sur le fil du destin des Parques, de Lesia, des femmes, des femmes corses, on citera la magnifique poésie de Lucia Santucci « Sò tessuta » dont chaque strophe renvoie à une couleur métaphorique du tissage qui compose la vie d’une femme corse. Avec Lucia Santucci, ce n’est plus la femme-divinité, celle qui tisse le fil de la destinée du genre humain, mais la femme bariolée de couleurs, tissée, à son tour, par l’âpreté et la complexité de la vie, couleur après couleur. Livrons pour l’occasion la couleur du noir que nous propose Lucia Santucci :
Sò tessuta di negru,
negru di e rubacce negre,
indulurite da i doli doppii
di tutte l’angunie.
La douleur poétique, le noir, le deuil répété de l’Histoire, l’agonie et l’angoisse mortelle. Avec Julien Colonna, point de Guerres mondiales et point de Chemises noires. Le « noir » dans Le Royaume, porte le nom de mafia, de voyoucratie, de société gangrénée, de funestes pratiques, d’exécution sur fond de vengeance et de pouvoir, de trafique en bandes organisées…
Parmi tout cela : Lesia, à la fois fileuse et tissée, confrontée à la résignation du destin et à la possible révolte du choix. Malheureusement pour le spectateur, tant nous espérons la voir demeurer enfant et ne pas être confrontée à ce genre de rite de passage et à l’incapacité de son père de la protéger, Lesia chemine sur la sinistre voie.
Avait-elle réellement le choix comme jeune adolescente ? Elle incarne la pulsion de mort, la pulsion vengeresse, celles qui prennent le dessus sur tout autre considération. Le paradoxe est que cette pulsion est mue par une ode à l’amour : la fille ne tue point pour le pouvoir, ni pour l’argent ou pour une prise de territoire, contrairement aux autres meurtres du film. Elle tue pour laver l’honneur du père. Elle se mue en bandit des temps modernes, en Antigone de la tragédie grecque de Sophocle, guidant, ici malgré elle, le père, Œdipe, aveugle et exilé de la vie, sur les chemins de l’amour.
Le visage angélique de Lesia s’éloigne du dilemme cornélien et celui-ci n’est finalement jamais posé dans le film. Point de choix, point d’hésitation. Le déterminisme familial, l’atavisme mortifère et la froide reproduction pour uniques boussoles. C’est donc la mort qui prend le pas sur tout le reste. Les morts consécutifs aux agissements mafieux, la mort d’un père chef de bande, les morts liées à sa vengeance, la mort de la vie, la mort de l’enfance de Lesia, la mort qui s’impose, partout.
Sò tessuta di negru,
negru di e rubacce negre,
indulurite da i doli doppii
di tutte l’angunie.
La douleur poétique, le noir, le deuil répété de l’Histoire, l’agonie et l’angoisse mortelle. Avec Julien Colonna, point de Guerres mondiales et point de Chemises noires. Le « noir » dans Le Royaume, porte le nom de mafia, de voyoucratie, de société gangrénée, de funestes pratiques, d’exécution sur fond de vengeance et de pouvoir, de trafique en bandes organisées…
Parmi tout cela : Lesia, à la fois fileuse et tissée, confrontée à la résignation du destin et à la possible révolte du choix. Malheureusement pour le spectateur, tant nous espérons la voir demeurer enfant et ne pas être confrontée à ce genre de rite de passage et à l’incapacité de son père de la protéger, Lesia chemine sur la sinistre voie.
Avait-elle réellement le choix comme jeune adolescente ? Elle incarne la pulsion de mort, la pulsion vengeresse, celles qui prennent le dessus sur tout autre considération. Le paradoxe est que cette pulsion est mue par une ode à l’amour : la fille ne tue point pour le pouvoir, ni pour l’argent ou pour une prise de territoire, contrairement aux autres meurtres du film. Elle tue pour laver l’honneur du père. Elle se mue en bandit des temps modernes, en Antigone de la tragédie grecque de Sophocle, guidant, ici malgré elle, le père, Œdipe, aveugle et exilé de la vie, sur les chemins de l’amour.
Le visage angélique de Lesia s’éloigne du dilemme cornélien et celui-ci n’est finalement jamais posé dans le film. Point de choix, point d’hésitation. Le déterminisme familial, l’atavisme mortifère et la froide reproduction pour uniques boussoles. C’est donc la mort qui prend le pas sur tout le reste. Les morts consécutifs aux agissements mafieux, la mort d’un père chef de bande, les morts liées à sa vengeance, la mort de la vie, la mort de l’enfance de Lesia, la mort qui s’impose, partout.
Eppuru
Et pourtant, nous donnons pour titre à cet article, « Le Royaume, au-delà de la mort, la vie ». En effet, Julien Colonna, signe là, selon nous, une œuvre importante tant il nous permet à travers la création, l’acte créatif, la pulsion de vie qui s’en dégage, de nous rappeler les possibles voies du dépassement, de la culture, de la résilience collective. Aussi, là où le contenu cinématographique qu’il nous donne à voir, est structuré autour d’une dualité permanente où la mort l’emporte au final sur la vie, c’est bien l’acte de création qui demeure victorieux. Au-delà du contenu et du récit plus ou moins connus en Corse pour les uns ou les autres, c’est in fine, la création et cette pulsion de vie qui l’emportent sur le contenu de l’œuvre.
Peut-être que cela sera frappé sous le sceau du paradoxe pour certains, mais c’est parce que la mort est posée ici, face à nous, brute, sale, affreuse, tout au long du film, que le réalisateur nous permet de la dépasser à travers la beauté et la puissance de l’acte créatif. C’est bien la pulsion de vie que la culture et la création symbolisent partout et en tout temps qui l’emporte au final.
La création vivante qui s’oppose victorieuse à la reproduction mortifère de Lesia, serait-elle une preuve de l’existence du peuple corse ? C’est au moment où sont mises à l’écran la mort, la pulsion de mort, les logiques clanistes et mafieuses qui s’affranchissant de toutes règles du droit et du vivre ensemble, que la création, fût-elle liée à la mort, nous inscrit collectivement dans la voie de ce qui est et sera sans doute la seule voie culturelle et identitaire salutaire pour la Corse : enraciner la création tout aussi bien dans une sollicitude rétrospective que dans un projet pour le futur pour reprendre les mots du philosophe François Ost.
La création, c’est la pulsion de vie face à la mort.
Ainsi, et nous le disons sans naïveté et aucunement de manière prescriptive mais simplement parce que ce film et la création de manière générale nous inspirent cela : ce qui doit animer la Corse, c’est la pulsion de vie, permanente, encore et toujours. Il n’y a pas d’autres voies que celle-ci. Lesia, individuellement, n’a peut-être pas pu choisir la vie. En revanche, choisissons-la collectivement quant à nous, choisissons le droit à l’existence et au bonheur, choisissons la dignité, choisissons le peuple corse et son droit imprescriptible à la vie, pour Lesia et pour tous les enfants de cette terre de Corse.
Peut-être que cela sera frappé sous le sceau du paradoxe pour certains, mais c’est parce que la mort est posée ici, face à nous, brute, sale, affreuse, tout au long du film, que le réalisateur nous permet de la dépasser à travers la beauté et la puissance de l’acte créatif. C’est bien la pulsion de vie que la culture et la création symbolisent partout et en tout temps qui l’emporte au final.
La création vivante qui s’oppose victorieuse à la reproduction mortifère de Lesia, serait-elle une preuve de l’existence du peuple corse ? C’est au moment où sont mises à l’écran la mort, la pulsion de mort, les logiques clanistes et mafieuses qui s’affranchissant de toutes règles du droit et du vivre ensemble, que la création, fût-elle liée à la mort, nous inscrit collectivement dans la voie de ce qui est et sera sans doute la seule voie culturelle et identitaire salutaire pour la Corse : enraciner la création tout aussi bien dans une sollicitude rétrospective que dans un projet pour le futur pour reprendre les mots du philosophe François Ost.
La création, c’est la pulsion de vie face à la mort.
Ainsi, et nous le disons sans naïveté et aucunement de manière prescriptive mais simplement parce que ce film et la création de manière générale nous inspirent cela : ce qui doit animer la Corse, c’est la pulsion de vie, permanente, encore et toujours. Il n’y a pas d’autres voies que celle-ci. Lesia, individuellement, n’a peut-être pas pu choisir la vie. En revanche, choisissons-la collectivement quant à nous, choisissons le droit à l’existence et au bonheur, choisissons la dignité, choisissons le peuple corse et son droit imprescriptible à la vie, pour Lesia et pour tous les enfants de cette terre de Corse.