I comete, Pascal Tagnati
À la lumière enveloppante du crépuscule, une image de Tahiti : la mer barrée d’une muraille de containers frigorifiques. Véritable synapse ouvrant l’archipel sur le monde, le port de commerce, désert, est filmé en un long travelling. Au second plan, un relief aiguisé se découpe sur un ciel saumon. Dernier long-métrage d’Albert Serra, Pacifiction - Tourments sur les îles s’ouvre sur ce paysage singulier. 2h45 plus tard, le film-fleuve se referme avec sa part d’énigme, laissant le spectateur se défaire d’un curieux sentiment d’oppression avant, éventuellement, de prolonger le moment cinéma par une recherche de sens. Si le Catalan signe ici une œuvre complète, son propos semble moins apodictique qu’évocateur : le film suggère plus qu’il ne montre. Dès lors, son interprétation dépendra grandement de la sensibilité propre du spectateur. Attentifs aux enjeux liés à l’insularité et interpellés par le fait qu’en l’espèce la Polynésie dispute le premier rôle à Benoît Magimel, nous avons choisi de mettre en avant une interprétation de Pacifiction en tant que « film d’îles ». Cet exercice critique spontané nous a progressivement conduits sur la piste d’une réflexion plus large sur le statut de l’île au cinéma et la contribution de ce dernier à l’expérience géographique de l’insularité.
Ce que Pacifiction donne à voir : petit essai critique sur un « film d’île »
Pacifiction séduit d’abord et avant tout comme un remarquable thriller psychologique, porté par un Benoît Magimel magistral dans le rôle de ce sulfureux Haut-Commissaire de la République en Polynésie [1]. Républicain et roublard, le commissaire de Roller fascine par son apparente capacité à être à l’aise partout et en toutes circonstances.
Pourtant, derrière un masque de supériorité et de flagornerie se joue le drame d’un homme qui perd pied, dépassé par un archipel qui lui échappe et par la perte de ses propres repères. Sa paranoïa va crescendo. Pacifiction brille également par une grande maîtrise de la composition et de la photographie qui subliment les couleurs et jouent subtilement des contrastes. Il en résulte un atmosphère singulière et prenante, progressivement imprégnée d’une tension larvée : sous les néons, les nuits sont électriques tandis que la journée, de Roller parcourt l’archipel, scrute, sonde et menace. Il flatte, s’interroge, et se livre, aussi. L’océan lui-même, bien que d’une beauté saisissante, renvoie à l’idée d’une menace. Le paradoxe entre le cadre splendide et la tension qui s’y installe contrecarre l’idée intuitive d’un paradis tropical.
Si l’intérêt cinématographique stricto sensu est déjà une bonne raison de voir Pacifiction, la caméra braquée sur la Polynésie donne également l’occasion d’effectuer un effort de décentrement : cet ailleurs, que peut-il avoir à voir avec ce que nous sommes ? L’effacement des repères, les enjeux identitaires et linguistiques, les relations mouvementées avec l’État au sein d’un jeu politique complexe sont autant d’éléments du récit qui trouveront en Corse un écho particulier. En accompagnant le commissaire dans ses errances, le spectateur pourra ainsi trouver matière à interroger l’insularité, le politique et jusqu’au rapport de la France à ses îles.
Au-delà du thriller et de son esthétique, cette œuvre exigeante interroge nos représentations des îles, brouille les pistes en nuançant nettement l’image des cartes postales. Ainsi se font jour des plaies jamais vraiment refermées : u n lourd passif continue de peser sur les relations Tahiti- France et d’aucuns ont décrit les errements d’une société postcoloniale, bouleversée par l’immixtion brutale d’une culture et d’un mode de vie exogène[2]. Connaître et utiliser à l’écran cette complexité c’est enrichir à la fois le film et le territoire.
Pourtant, derrière un masque de supériorité et de flagornerie se joue le drame d’un homme qui perd pied, dépassé par un archipel qui lui échappe et par la perte de ses propres repères. Sa paranoïa va crescendo. Pacifiction brille également par une grande maîtrise de la composition et de la photographie qui subliment les couleurs et jouent subtilement des contrastes. Il en résulte un atmosphère singulière et prenante, progressivement imprégnée d’une tension larvée : sous les néons, les nuits sont électriques tandis que la journée, de Roller parcourt l’archipel, scrute, sonde et menace. Il flatte, s’interroge, et se livre, aussi. L’océan lui-même, bien que d’une beauté saisissante, renvoie à l’idée d’une menace. Le paradoxe entre le cadre splendide et la tension qui s’y installe contrecarre l’idée intuitive d’un paradis tropical.
Si l’intérêt cinématographique stricto sensu est déjà une bonne raison de voir Pacifiction, la caméra braquée sur la Polynésie donne également l’occasion d’effectuer un effort de décentrement : cet ailleurs, que peut-il avoir à voir avec ce que nous sommes ? L’effacement des repères, les enjeux identitaires et linguistiques, les relations mouvementées avec l’État au sein d’un jeu politique complexe sont autant d’éléments du récit qui trouveront en Corse un écho particulier. En accompagnant le commissaire dans ses errances, le spectateur pourra ainsi trouver matière à interroger l’insularité, le politique et jusqu’au rapport de la France à ses îles.
Au-delà du thriller et de son esthétique, cette œuvre exigeante interroge nos représentations des îles, brouille les pistes en nuançant nettement l’image des cartes postales. Ainsi se font jour des plaies jamais vraiment refermées : u n lourd passif continue de peser sur les relations Tahiti- France et d’aucuns ont décrit les errements d’une société postcoloniale, bouleversée par l’immixtion brutale d’une culture et d’un mode de vie exogène[2]. Connaître et utiliser à l’écran cette complexité c’est enrichir à la fois le film et le territoire.
[1] Équivalent du préfet dans ce territoire où une assemblée délibérante dispose de prérogatives élargies
[2] Voir "Pour aller plus loin".
Espaces et territoires au cinéma : encore et toujours la géographie !
Le géographe radical David Harvey soutenait que de toutes les formes artistiques, [le septième art est] celle qui peut-être, possède la plus forte capacité à appréhender les thématiques entrelacées de l’espace et du temps. On ne saurait lui donner tort ! Empruntant à la photographie techniques et rapport au réel, à la littérature la force et la dynamique du récit, et aux arts scéniques, l’attention portée aux corps et à l’espace, le cinéma est une irrésistible invitation au déplacement.
Or, dans leur recherche permanente de mondes à (re)créer, les cinéastes mobilisent largement la dimension spatiale, bien évidemment pour elle-même (en particulier dans la composition), mais aussi et surtout en intégrant à leurs projets les représentations des espaces filmés. Comme les cinéastes, les géographes sont nombreux à dépasser une lecture cartésienne de l’espace en s’intéressant à l’inscription des Hommes et des sociétés sur la Terre, que ce soit en étudiant les activités qu’ils y entreprennent ou les symboles dont ils l’investissent.
Beaucoup se revendiquent du constructivisme et empruntent aux autres sciences humaines et sociales leurs entrées pour expliquer des phénomènes spatiaux. Le concept d’espace vécu , en particulier, articule bien les dimensions physiques, sociales et idéelles de l’espace des sociétés, de même que la notion de médiance, sous-tendue par l’idée que « le milieu donne chair à l’Histoire, autant que l’Histoire donne sens au milieu ». Au fond, cela n’est-il pas vrai également à propos des histoires, celles du cinéma ? Dès lors, ne peut-on pas envisager que le cinéma contribue à nos sentiments d’attachement, de rejet, de passion, de désolation vis-à-vis des territoires, et par conséquent aux manières concrètes dont nous agissons sur eux ?
Les liens entre le cinéma et la géographie ont fait l’objet de plusieurs travaux[1]. De cette littérature, on dégagera trois idées-forces :
- L’histoire du cinéma est marquée dès les origines par une promesse de dépaysement sans cesse renouvelée, ce qui a d’ailleurs largement contribué à son succès. L’industrie du cinéma a opportunément fait de cette promesse un argument commercial et cela se traduit à l’écran par la récurrence de certains imaginaires géographiques stéréotypés, au point d’imposer un « monde filmique » autoréférentiel. Les figures spatiales de ce « monde filmique » ne sont toutefois pas complètement isolées du réel, d’abord parce qu’elles en tirent leur substance, ensuite, parce qu’en retour, les espaces réels (qu’ils soient directement lieux de tournage, supports d’imaginaires ou les deux) éprouvent les conséquences effectives de leur interprétation à l’écran (exotisation, ciné-tourisme, urbanités cinématographiques …).
- L’incorporation dans les projets des représentations spatiales des spectateurs est devenu quasiment un incontournable ; le plus souvent pour séduire le public en répondant à ses attentes, mais de plus en plus (notamment dans une forme de cinéma indépendant plus engagé) pour questionner ces imaginaires, les détourner, ou aborder une problématique en particulier via ses ressorts spatiaux.
- Les objets géographiques[2,3,4] sont donc bien présents dans le travail des cinéastes et producteurs qui les appréhendent, les caractérisent et les utilisent à leur manière : il en va ainsi de la ville, de la mégapole, de l’Ouest américain, de la frontière… Étudier ces objets par leur interprétation à l’écran est riche d’enseignements !
Quid des îles ? Elles sont des terres entourées d’eau, des territoires construits, habités, des lieux de passage, de fixation, des lieux stratégiques convoités ; elles se décomposent en paysages et abritent des écosystèmes et des sociétés... Ces quelques évidences ne font qu’une : « l’île » constitue un objet géographique à part entière. On peut donc envisager à son endroit une approche croisant géographie et analyse filmique.
Or, dans leur recherche permanente de mondes à (re)créer, les cinéastes mobilisent largement la dimension spatiale, bien évidemment pour elle-même (en particulier dans la composition), mais aussi et surtout en intégrant à leurs projets les représentations des espaces filmés. Comme les cinéastes, les géographes sont nombreux à dépasser une lecture cartésienne de l’espace en s’intéressant à l’inscription des Hommes et des sociétés sur la Terre, que ce soit en étudiant les activités qu’ils y entreprennent ou les symboles dont ils l’investissent.
Beaucoup se revendiquent du constructivisme et empruntent aux autres sciences humaines et sociales leurs entrées pour expliquer des phénomènes spatiaux. Le concept d’espace vécu , en particulier, articule bien les dimensions physiques, sociales et idéelles de l’espace des sociétés, de même que la notion de médiance, sous-tendue par l’idée que « le milieu donne chair à l’Histoire, autant que l’Histoire donne sens au milieu ». Au fond, cela n’est-il pas vrai également à propos des histoires, celles du cinéma ? Dès lors, ne peut-on pas envisager que le cinéma contribue à nos sentiments d’attachement, de rejet, de passion, de désolation vis-à-vis des territoires, et par conséquent aux manières concrètes dont nous agissons sur eux ?
Les liens entre le cinéma et la géographie ont fait l’objet de plusieurs travaux[1]. De cette littérature, on dégagera trois idées-forces :
- L’histoire du cinéma est marquée dès les origines par une promesse de dépaysement sans cesse renouvelée, ce qui a d’ailleurs largement contribué à son succès. L’industrie du cinéma a opportunément fait de cette promesse un argument commercial et cela se traduit à l’écran par la récurrence de certains imaginaires géographiques stéréotypés, au point d’imposer un « monde filmique » autoréférentiel. Les figures spatiales de ce « monde filmique » ne sont toutefois pas complètement isolées du réel, d’abord parce qu’elles en tirent leur substance, ensuite, parce qu’en retour, les espaces réels (qu’ils soient directement lieux de tournage, supports d’imaginaires ou les deux) éprouvent les conséquences effectives de leur interprétation à l’écran (exotisation, ciné-tourisme, urbanités cinématographiques …).
- L’incorporation dans les projets des représentations spatiales des spectateurs est devenu quasiment un incontournable ; le plus souvent pour séduire le public en répondant à ses attentes, mais de plus en plus (notamment dans une forme de cinéma indépendant plus engagé) pour questionner ces imaginaires, les détourner, ou aborder une problématique en particulier via ses ressorts spatiaux.
- Les objets géographiques[2,3,4] sont donc bien présents dans le travail des cinéastes et producteurs qui les appréhendent, les caractérisent et les utilisent à leur manière : il en va ainsi de la ville, de la mégapole, de l’Ouest américain, de la frontière… Étudier ces objets par leur interprétation à l’écran est riche d’enseignements !
Quid des îles ? Elles sont des terres entourées d’eau, des territoires construits, habités, des lieux de passage, de fixation, des lieux stratégiques convoités ; elles se décomposent en paysages et abritent des écosystèmes et des sociétés... Ces quelques évidences ne font qu’une : « l’île » constitue un objet géographique à part entière. On peut donc envisager à son endroit une approche croisant géographie et analyse filmique.
[1] Voir « Pour aller plus loin ».
[2] C’est-à-dire une combinaison de caractères qui, systématisée et désignée, justifie d’une approche par les entrées de la géographie afin de révéler la dimension spatiale de divers phénomènes observables.
[3] Dans leur dictionnaire de référence, Lévy & Lussault situent l’objet géographique dans une approche constructiviste et le définissent comme une « unité de découpe de l’espace et de la spatialité », « un construit cognitif permettant d’appréhender un phénomène spatial […], d’assembler ce que nous saisissons des phénomènes sociétaux en une configuration qui nous assure de pouvoir les analyser et les penser […]. »
[4] Pour clore cette digression, on se permet un dernier point sur l’application opérationnelle des deux précédents. En définitive, les objets géographiques désignent tout autant les catégorisations spatiales intuitives de chacun que les figures récurrentes au cœur des recherches en géographie. Percevoir le lien entre les objets géographiques (ex : la ville) et les objets empiriques particuliers utilisés pour les questionner (ex : la ségrégation à Rio), c’est saisir l’importance du terrain en géographie mais également le potentiel de la recherche/action dans les territoires.
Les apports de la géographie culturelle pour penser les îles : insularité, îléité, contre-insularité
Dans le cas de Pacifiction, le lien évident entre la diégèse[1] et la réalité de ce territoire à l’identité complexe peut être interprétée à l’aune de la dialectique insularité/îléité, issue notamment de la psychologie de l’espace d’Abraham Moles et des travaux de géographie culturelle de Joël Bonnemaison. La première notion est objective : l’insularité c’est d’abord la discontinuité, l’isolement physique, et par extension la relation fonctionnelle qu’entretiennent les insulaires avec un espace a priori contraignant. L’îléité est subjective : c’est un mode d’existence propre aux îles, ensemble de représentations et d’affects concourant à une forme d’identité insulaire.
Pour Joël Bonnemaison, l’insularité conduit « les gens des îles [à] réinventer leur monde ; [à] être particulièrement créatifs. Confinés dans un espace restreint, ils doivent [...] animer chaque lieu d'un surcroît de sens. Non seulement ils arrivent ainsi à intensifier leurs liens, mais ils parviennent à donner à leur espace une dimension culturelle particulièrement forte »[2] L’îléité des îliens, c’est un rapport intime entre lieu, culture et expression de l’habiter. C’est le fenua[3] des Polynésiens, le nustrale des Corses.
Cette îléité interne se heurte à l’îléité externe, c’est-à-dire les représentations des autres, des continentaux principalement, le plus souvent approximatives ou réductrices. Objet de fétichisme, l’île représente au mieux un refuge hors du temps. Immuable, terre de ressourcement, elle révèle en creux l’insatisfaction de ceux qui s’y projettent avec délectation. La Corse, « la plus proche des îles lointaines » selon une formule largement usitée, ne fait pas exception.
Cette vision, somme toute séduisante de prime abord, présente l’inconvénient majeur de pouvoir être exploitée à volonté pour promouvoir un modèle touristique destructeur où les territoires deviennent « de purs produits de loisir construits par et pour les sociétés urbaines et continentales »[4], et notamment par le cinéma et sa fameuse promesse de dépaysement.
L’essentialisme à propos des insulaires est autrement problématique, et pourtant récurrent. Les identités dans les îles sont peut-être moins diluées, comme le soutient Bonnemaison, facilitant la caricature. Une certaine production littéraire et cinématographique entretient consciencieusement certains clichés qui viennent, à force, parasiter la lecture des espaces insulaires. Ce n’est pas être pisse-froid que de déplorer que sous couvert de divertissement soient véhiculés des messages erronés, ou tout le moins simplistes[5].
«Délivrez-nous de l’imaginaire des îles !»[10] clame ainsi la géographe Nathalie Bernardie-Tahir, regrettant la surreprésentation de l’imaginaire insulaire du continent (occidental) au détriment du vécu des habitants. À partir notamment de l’exemple de Zanzibar, la chercheuse avait contribué en 2008 au développement du concept de « contre-insularité », qui désigne une déconstruction réaliste de l’approche dominante des îles, symbolisée par quatre I : imaginaire, isolement, immobilité, identité (irrédentisme, pourraient être tentés d’ajouter certains !). Dans ce paradigme, la pertinence et le caractère systématique de ces quatre caractéristiques sont largement remis en question au regard de la mondialisation et de l’hyper-mobilité qui l’accompagne. Au contraire, une approche expérientielle, attentive aux pratiques effectives et aux modes d’existence locaux, permet de développer une connaissance plus juste des réalités complexes, situées et spécifiques des îles, considérées individuellement. Sans forcément abandonner l’idée de problématiques communes, on évite ainsi déterminisme et excès de systématisme.
Pour Joël Bonnemaison, l’insularité conduit « les gens des îles [à] réinventer leur monde ; [à] être particulièrement créatifs. Confinés dans un espace restreint, ils doivent [...] animer chaque lieu d'un surcroît de sens. Non seulement ils arrivent ainsi à intensifier leurs liens, mais ils parviennent à donner à leur espace une dimension culturelle particulièrement forte »[2] L’îléité des îliens, c’est un rapport intime entre lieu, culture et expression de l’habiter. C’est le fenua[3] des Polynésiens, le nustrale des Corses.
Cette îléité interne se heurte à l’îléité externe, c’est-à-dire les représentations des autres, des continentaux principalement, le plus souvent approximatives ou réductrices. Objet de fétichisme, l’île représente au mieux un refuge hors du temps. Immuable, terre de ressourcement, elle révèle en creux l’insatisfaction de ceux qui s’y projettent avec délectation. La Corse, « la plus proche des îles lointaines » selon une formule largement usitée, ne fait pas exception.
Cette vision, somme toute séduisante de prime abord, présente l’inconvénient majeur de pouvoir être exploitée à volonté pour promouvoir un modèle touristique destructeur où les territoires deviennent « de purs produits de loisir construits par et pour les sociétés urbaines et continentales »[4], et notamment par le cinéma et sa fameuse promesse de dépaysement.
L’essentialisme à propos des insulaires est autrement problématique, et pourtant récurrent. Les identités dans les îles sont peut-être moins diluées, comme le soutient Bonnemaison, facilitant la caricature. Une certaine production littéraire et cinématographique entretient consciencieusement certains clichés qui viennent, à force, parasiter la lecture des espaces insulaires. Ce n’est pas être pisse-froid que de déplorer que sous couvert de divertissement soient véhiculés des messages erronés, ou tout le moins simplistes[5].
«Délivrez-nous de l’imaginaire des îles !»[10] clame ainsi la géographe Nathalie Bernardie-Tahir, regrettant la surreprésentation de l’imaginaire insulaire du continent (occidental) au détriment du vécu des habitants. À partir notamment de l’exemple de Zanzibar, la chercheuse avait contribué en 2008 au développement du concept de « contre-insularité », qui désigne une déconstruction réaliste de l’approche dominante des îles, symbolisée par quatre I : imaginaire, isolement, immobilité, identité (irrédentisme, pourraient être tentés d’ajouter certains !). Dans ce paradigme, la pertinence et le caractère systématique de ces quatre caractéristiques sont largement remis en question au regard de la mondialisation et de l’hyper-mobilité qui l’accompagne. Au contraire, une approche expérientielle, attentive aux pratiques effectives et aux modes d’existence locaux, permet de développer une connaissance plus juste des réalités complexes, situées et spécifiques des îles, considérées individuellement. Sans forcément abandonner l’idée de problématiques communes, on évite ainsi déterminisme et excès de systématisme.
Que sont alors ces îles qui ne correspondent pas à l’imaginaire qu’on y projette ? Des lieux de vie et de création, avant tout, où des communautés se projettent et élaborent des façons de faire ensemble malgré, ou avec la contrainte. Des territoires aux paysages multiples, dépositaires de leur propre histoire où s’affirme une dialectique particulière avec le continent. Des réceptacles des divers avatars de la mondialisation et du « progrès ». Des laboratoires ? Pas exactement, selon Nathalie Bernardie-Tahir, qui préfère parler de lieux de « condensation » où les phénomènes de société se donnent à voir plus facilement. Assurément, et pour toutes ces raisons, des lieux à montrer au cinéma.
[1]L’espace-temps propre au film
[2] Bonnemaison. Vivre dans l'île. In: L'Espace géographique, tome 19-20, n°2, 1990. pp. 119-125
[3] Le fenua est un terme fort par lequel les polynésiens expriment leur appartenance profonde et authentique au « pays », dont il est un synonyme. Il est parfois détourné ou dévoyé (voir notice ci-dessous B. Saura)
[4] N. Bernardie-Tahir, Délivrez-nous de l’imaginaire des îles. Annales de géographie, n°745, 2022. Voir ci-dessous, « Pour aller plus loin »
[5] Pour autant, on apprécie bien sûr les œuvres qui manient la dérision avec subtilité et nous font rire sans tomber dans la facilité !
Ce que peut signifier un cinéma « contre-insulaire »
Pacifiction, à notre avis, est un film qui s’inscrit dans ce paradigme ; un « film contre-insulaire » pourrait-on dire. Albert Serra aurait pu paresseusement exploiter les attributs de l’exotisme et réduire les îles à un décor convenu. Il n’en fait rien et choisit plutôt de s’approprier la trajectoire géo-historique de la Polynésie pour mieux y ancrer son récit. Dans un contexte postcolonial latent, le commissaire de Roller semble vêtu des oripeaux de la colonisation. Son attitude paternaliste et arrogante fait écho aux mots d’Henri Hiro, poète et défenseur de la culture tahitienne : « Si tu étais venu chez nous, nous t’aurions accueilli à bras ouverts. Mais tu es venu ici chez toi, et on ne sait comment t’accueillir chez toi ». Un jeune leader indépendantiste met d’ailleurs le commissaire en garde sur l’impétuosité d’une jeunesse autochtone à la recherche de perspectives, lassée de parcourir l’île « d’un point A à un point A ». Par ailleurs, comme pour poser un cadre, plusieurs séquences du premier tiers du film abordent brièvement des faits de société : langue, religion, alimentation.
Véritable traumatisme et matrice importante de la société polynésienne contemporaine, le fait nucléaire est lui aussi réactivé, devenant l’enjeu essentiel de l’intrigue et la source des tensions. Au travers des propres choix artistiques d’Albert Serra -qui ne revendique d’ailleurs pas la recherche du réalisme- et sous la forme du thriller psychologique, les tourments de la Polynésie sont exposés et viennent percuter la représentation romantique d’un éden ensoleillé.
Toujours dans le registre postcolonial, on ne peut manquer de citer le cinéma antillais-peyi[1] qui r éinterprète « de l’intérieur » le paysage-type de la Caraïbe, en soulignant sa charge historique. Le champ de canne y est l’espace enclos par excellence, symbole de l’ordre colonial ; la montagne, une zone de repli et de résistance, mais précaire ; la plage, enfin, un lieu où se brisent les destins, soit par la mort, soit par l’impossibilité de franchir la barrière de l’océan. Face aux lieux communs des magazines d’évasion, souvent focalisés sur l’esthétique et éventuellement une forme de folklore, les cinéastes antillais prennent un contre-pied radical. Ils racontent leur histoire, celle des héritiers de l’esclavage.
En Méditerranée, quelques « films d’îles » se démarquent, en particulier ceux qui relativisent la notion d’isolement (un des quatre i de la contre-insularité). Si certains films réalisés à Lampedusa ne se défont pas totalement de l’idée d’une « terre des confins », ils ont le mérite de replacer l’île au cœur du bassin mais aussi des vicissitudes de l’Europe : Lampedusa en est un point névralgique autant qu’une frontière. Dans Fuoccamare (G. Rosi, 2016) par exemple, ces paradoxes sont mis en exergue par le vécu d’un petit habitant de 12 ans. Autre interface, l’île grecque de Lesbos, quant à elle, sert de point de départ aux pérégrinations de Djam dans le film éponyme de Tony Gatlif (2017). Dans cette épopée contemporaine, c’est par l’itinérance suivie du retour que la jeune insulaire renoue avec sa capacité d’agir. Le vieux routier du cinéma méditerranéen, si fascinant dans sa capacité à s’approprier l’essence de métissages culturels divers, montre ici une île acculée, aux confins de l’Europe, par une Union défaillante dans sa politique migratoire mais intraitable au sein de la Troïka. L’imaginaire du pays des vacances est mis en pièces séquence après séquence. Aussi, alors que l’Europe (au travers de ses institutions) représente ici la déchéance, l’appartenance culturelle de la Grèce au monde oriental, souvent méconnue, est soulignée, notamment par la musique et les instruments.
Véritable traumatisme et matrice importante de la société polynésienne contemporaine, le fait nucléaire est lui aussi réactivé, devenant l’enjeu essentiel de l’intrigue et la source des tensions. Au travers des propres choix artistiques d’Albert Serra -qui ne revendique d’ailleurs pas la recherche du réalisme- et sous la forme du thriller psychologique, les tourments de la Polynésie sont exposés et viennent percuter la représentation romantique d’un éden ensoleillé.
Toujours dans le registre postcolonial, on ne peut manquer de citer le cinéma antillais-peyi[1] qui r éinterprète « de l’intérieur » le paysage-type de la Caraïbe, en soulignant sa charge historique. Le champ de canne y est l’espace enclos par excellence, symbole de l’ordre colonial ; la montagne, une zone de repli et de résistance, mais précaire ; la plage, enfin, un lieu où se brisent les destins, soit par la mort, soit par l’impossibilité de franchir la barrière de l’océan. Face aux lieux communs des magazines d’évasion, souvent focalisés sur l’esthétique et éventuellement une forme de folklore, les cinéastes antillais prennent un contre-pied radical. Ils racontent leur histoire, celle des héritiers de l’esclavage.
En Méditerranée, quelques « films d’îles » se démarquent, en particulier ceux qui relativisent la notion d’isolement (un des quatre i de la contre-insularité). Si certains films réalisés à Lampedusa ne se défont pas totalement de l’idée d’une « terre des confins », ils ont le mérite de replacer l’île au cœur du bassin mais aussi des vicissitudes de l’Europe : Lampedusa en est un point névralgique autant qu’une frontière. Dans Fuoccamare (G. Rosi, 2016) par exemple, ces paradoxes sont mis en exergue par le vécu d’un petit habitant de 12 ans. Autre interface, l’île grecque de Lesbos, quant à elle, sert de point de départ aux pérégrinations de Djam dans le film éponyme de Tony Gatlif (2017). Dans cette épopée contemporaine, c’est par l’itinérance suivie du retour que la jeune insulaire renoue avec sa capacité d’agir. Le vieux routier du cinéma méditerranéen, si fascinant dans sa capacité à s’approprier l’essence de métissages culturels divers, montre ici une île acculée, aux confins de l’Europe, par une Union défaillante dans sa politique migratoire mais intraitable au sein de la Troïka. L’imaginaire du pays des vacances est mis en pièces séquence après séquence. Aussi, alors que l’Europe (au travers de ses institutions) représente ici la déchéance, l’appartenance culturelle de la Grèce au monde oriental, souvent méconnue, est soulignée, notamment par la musique et les instruments.
[1] Aux Antilles, le terme créole péyi (pays) accolé à un nom marque l’origine locale, l’ancrage (ex : fruits-peyi).
Un projet pour le développement de la Corse ?
En Corse, plusieurs productions récentes, pour ne citer qu’elles, ont sans doute bousculé les représentations de l’Île dans l’Hexagone. Dans Les Apaches (2013), Thierry de Peretti a su aborder avec justesse des problématiques pour le moins sérieuses (déclassement, racisme, violence) et investir des lieux désincarnés pour renforcer les impressions de rupture.
Autrement plus léger, le premier long-métrage de Pascal Tagnati, I Comete (2022), chronique de la vie d’un village en été, n’en est pas moins un film de territoire. « La représentation de la Corse politisée ou des bandits au cinéma commençait à m’ennuyer. Non pour les œuvres en elles-mêmes, certaines sont nécessaires, mais pour leur représentation que le grand nombre retient. Indirectement, je crois que l’accumulation de ces peintures ne fait pas de bien à la Corse et aux Corses, elle conforte et valide les préjugés d’outre-méditerranée sur la vie en Corse. Je préfère m’inspirer de ce qui m’entoure » revendique le réalisateur. Dès lors, c’est par l’expérience subjective des habitants d’un village que la Corse se dévoile au spectateur, et non au contraire comme un motif totalisant, un géosymbole « prêt-à-filmer » à agrémenter d’un récit quelconque avant tout conforme aux stéréotypes. Entièrement tourné à Tolla, I Comete repose moins sur son scénario, quasi-inexistant, que sur ses larges plans fixes et son casting associant comédiens professionnels et habitants enrôlés pour l’occasion. Sans doute ces particularités participent-elles du sentiment d’un film ancré.
Cette année, Bastia avait déposé sa candidature pour devenir Capitale européenne de la culture en 2028, aux côtés d’une ville tchèque. Par la dissémination des projets, c’est toute la Corse qui se voyait projetée dans cette exaltante Odissea, une aventure collective qui plaçait justement au cœur une certaine idée de l’ancrage.
Le jury n'a hélas pas pré-sélectionné la ville, mais retenons l’intitulé du projet, Beyond the island, qui mêle la dimension européenne, mis aussi l’ancrage et l’ouverture, qui loin d’être antinomiques, sont complémentaires. Penser au-delà de l’île, c’est aussi se déprendre de l’imaginaire limité et limitant à l’origine de la « contre-insularité » et ainsi envisager une autre existence insulaire, ou tout au moins ouvrir le débat. Le cinéma peut assurément y contribuer et on ne peut que se réjouir qu’un axe dédié aux « nouveaux horizons du cinéma » ait été intégré au programme.
Dans ce contexte, l’articulation complexe des espaces du septième art (espace diégétique, lieux de tournage, lieux de projection et de réception) peut dès lors motiver une réflexion multidimensionnelle et inclusive sur la Corse comme territoire de cinéma : représentations et effets performatifs, place de la langue, soutien à la production locale et structuration d’un écosystème professionnel, répartition et développement des salles, enseignement, expérimentation et projets collectifs…
La création amateur, notamment celle des élèves, est également un exercice à encourager dans la mesure où elle pousse à questionner l’espace pour témoigner de son expérience et de sa perception. En tout état de cause, encourager, ici, un cinéma indépendant, libéré de l’injonction au divertissement, et conscient du rôle des films dans la construction des représentations géographiques est une perspective qui donne un surcroît de sens à une Corse capitale européenne de la culture, quel que soit le millésime.
Autrement plus léger, le premier long-métrage de Pascal Tagnati, I Comete (2022), chronique de la vie d’un village en été, n’en est pas moins un film de territoire. « La représentation de la Corse politisée ou des bandits au cinéma commençait à m’ennuyer. Non pour les œuvres en elles-mêmes, certaines sont nécessaires, mais pour leur représentation que le grand nombre retient. Indirectement, je crois que l’accumulation de ces peintures ne fait pas de bien à la Corse et aux Corses, elle conforte et valide les préjugés d’outre-méditerranée sur la vie en Corse. Je préfère m’inspirer de ce qui m’entoure » revendique le réalisateur. Dès lors, c’est par l’expérience subjective des habitants d’un village que la Corse se dévoile au spectateur, et non au contraire comme un motif totalisant, un géosymbole « prêt-à-filmer » à agrémenter d’un récit quelconque avant tout conforme aux stéréotypes. Entièrement tourné à Tolla, I Comete repose moins sur son scénario, quasi-inexistant, que sur ses larges plans fixes et son casting associant comédiens professionnels et habitants enrôlés pour l’occasion. Sans doute ces particularités participent-elles du sentiment d’un film ancré.
Cette année, Bastia avait déposé sa candidature pour devenir Capitale européenne de la culture en 2028, aux côtés d’une ville tchèque. Par la dissémination des projets, c’est toute la Corse qui se voyait projetée dans cette exaltante Odissea, une aventure collective qui plaçait justement au cœur une certaine idée de l’ancrage.
Le jury n'a hélas pas pré-sélectionné la ville, mais retenons l’intitulé du projet, Beyond the island, qui mêle la dimension européenne, mis aussi l’ancrage et l’ouverture, qui loin d’être antinomiques, sont complémentaires. Penser au-delà de l’île, c’est aussi se déprendre de l’imaginaire limité et limitant à l’origine de la « contre-insularité » et ainsi envisager une autre existence insulaire, ou tout au moins ouvrir le débat. Le cinéma peut assurément y contribuer et on ne peut que se réjouir qu’un axe dédié aux « nouveaux horizons du cinéma » ait été intégré au programme.
Dans ce contexte, l’articulation complexe des espaces du septième art (espace diégétique, lieux de tournage, lieux de projection et de réception) peut dès lors motiver une réflexion multidimensionnelle et inclusive sur la Corse comme territoire de cinéma : représentations et effets performatifs, place de la langue, soutien à la production locale et structuration d’un écosystème professionnel, répartition et développement des salles, enseignement, expérimentation et projets collectifs…
La création amateur, notamment celle des élèves, est également un exercice à encourager dans la mesure où elle pousse à questionner l’espace pour témoigner de son expérience et de sa perception. En tout état de cause, encourager, ici, un cinéma indépendant, libéré de l’injonction au divertissement, et conscient du rôle des films dans la construction des représentations géographiques est une perspective qui donne un surcroît de sens à une Corse capitale européenne de la culture, quel que soit le millésime.
Pour aller plus loin
Sur les problématiques identitaires en Polynésie Française :
Saura, B. (2021). Des Tahitiens, des Français – Tome II. Au vent des îles.
Bruno Saura est professeur en Civilisation polynésienne à l’université de la Polynésie française. Titulaire d’un doctorat en Science politique et d’une habilitation à diriger des recherches en Anthropologie. Articulant ici faits historiques et observation anthropologique de la vie quotidienne, il met en perspective proximités et distances entre Métropolitains et Polynésiens. Ainsi, il documente l’évolution culturelle de la société polynésienne, faite de ruptures, de métissages et d’assimilations.
https://auventdesiles.pf/catalogue/collections/sciences-humaines/des-tahitiens-des-francais-tome-ii-essai-sur-lassimilation-culturelle-en-situation-coloniale-consentie/
Sur les liens entre géographie et cinéma :
Staszak, J. (2014). Géographie et cinéma : modes d'emploi. Annales de géographie, 695-696, 595-604.
Cet article du géographe Jean-François Staszak offre un excellent panorama des travaux universitaires consacrés aux liens entre géographie et cinéma et ouvre à des questionnements originaux, des fronts de recherche à explorer et des applications concrètes. Il introduit un numéro entier consacré à ce sujet avec plusieurs exemples.
https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2014-1-page-595.htm
Sur la dialectique insularité/îléité :
Bonnemaison, J. Vivre dans l'île. L'Espace géographique, tome 19-20, n°2, 119-125.
Animateur important de la géographie culturelle francophone, Joël Bonnemaison a observé et parcouru les îles. Ce texte majeur, largement nourri d’anthropologie, demeure incontournable pour quiconque étudie les îles car il pose pour la première fois le couple insularité/iléite.
https://www.persee.fr/docAsPDF/spgeo_0046-2497_1990_num_19_2_2961.pdf
Pour une approche contemporaine et critique de « l’île » :
N. Bernardie-Tahir, Délivrez-nous de l’imaginaire des îles. Annales de géographie, n°745, 2022
https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2022-3-page-5.h
Saura, B. (2021). Des Tahitiens, des Français – Tome II. Au vent des îles.
Bruno Saura est professeur en Civilisation polynésienne à l’université de la Polynésie française. Titulaire d’un doctorat en Science politique et d’une habilitation à diriger des recherches en Anthropologie. Articulant ici faits historiques et observation anthropologique de la vie quotidienne, il met en perspective proximités et distances entre Métropolitains et Polynésiens. Ainsi, il documente l’évolution culturelle de la société polynésienne, faite de ruptures, de métissages et d’assimilations.
https://auventdesiles.pf/catalogue/collections/sciences-humaines/des-tahitiens-des-francais-tome-ii-essai-sur-lassimilation-culturelle-en-situation-coloniale-consentie/
Sur les liens entre géographie et cinéma :
Staszak, J. (2014). Géographie et cinéma : modes d'emploi. Annales de géographie, 695-696, 595-604.
Cet article du géographe Jean-François Staszak offre un excellent panorama des travaux universitaires consacrés aux liens entre géographie et cinéma et ouvre à des questionnements originaux, des fronts de recherche à explorer et des applications concrètes. Il introduit un numéro entier consacré à ce sujet avec plusieurs exemples.
https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2014-1-page-595.htm
Sur la dialectique insularité/îléité :
Bonnemaison, J. Vivre dans l'île. L'Espace géographique, tome 19-20, n°2, 119-125.
Animateur important de la géographie culturelle francophone, Joël Bonnemaison a observé et parcouru les îles. Ce texte majeur, largement nourri d’anthropologie, demeure incontournable pour quiconque étudie les îles car il pose pour la première fois le couple insularité/iléite.
https://www.persee.fr/docAsPDF/spgeo_0046-2497_1990_num_19_2_2961.pdf
Pour une approche contemporaine et critique de « l’île » :
N. Bernardie-Tahir, Délivrez-nous de l’imaginaire des îles. Annales de géographie, n°745, 2022
https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2022-3-page-5.h