Banksy, 2015
C’est une bien curieuse année qui vient de se terminer. Une année de tous les dérapages. L’année de la réélection de Trump ! L’année d’une suite dramatique au massacre du 7 octobre 2023 ! L’année d’une dévastation et d’une déshumanisation épouvantable à Gaza ! L’année de la chute du dictateur Bachar al-Assad ! L’année du cyclone Chido à Mayotte ! L’année de la dissolution la plus absurde qui soit d’une assemblée nationale en France ! L’année d’un gouvernement et d’un budget introuvables ! Une odeur de fin de règne et de fin de constitution !
En Corse pourtant, c’est aussi l’année de la visite du Pape : Papa Francescu in Ajaccio ! Fallait-il que plus rien n’aille dans le monde pour que la Corse mérite un instant d’intérêt pour autre chose que la violence ?
En Corse pourtant, c’est aussi l’année de la visite du Pape : Papa Francescu in Ajaccio ! Fallait-il que plus rien n’aille dans le monde pour que la Corse mérite un instant d’intérêt pour autre chose que la violence ?
Une fréquentation touristique finalement en hausse !
Une fin d’année qui déjoue tous les pronostics. Personne n’attendait le Pape et il est venu. Tout le monde prédisait l’année noir du tourisme et il parait qu’il n’en fut rien.
Le tourisme dans notre île ce n’est pas rien. C’est en grande partie ce qui fait marcher l’économie, c’est donc « ce qui nous fait vivre ». Or juste après la fameuse visite du Pape, un messie nouveau est venu déposer le cadeau d’une bonne nouvelle à l’ombre des pins Larici : « En Corse, la fréquentation touristique rebondit ».
« D’avril à septembre 2024, les hébergements collectifs de tourisme enregistrent une hausse de 6,7 % par rapport à 2023. La fréquentation augmente dans les hôtels et les campings. La clientèle en provenance de l’étranger progresse fortement et celle originaire de France est de retour ».
C’est l’information publiée en décembre 2024 par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques. Or cette information est surprenante. Elle a même quelque chose d’irréel.
Pourquoi dis-je cela ? Parce que durant les onze mois qui ont précédé ce mois de décembre, la plus grande partie des journaux, des observateurs, des acteurs du monde économique nous ont inlassablement annoncé le contraire.
Le tourisme dans notre île ce n’est pas rien. C’est en grande partie ce qui fait marcher l’économie, c’est donc « ce qui nous fait vivre ». Or juste après la fameuse visite du Pape, un messie nouveau est venu déposer le cadeau d’une bonne nouvelle à l’ombre des pins Larici : « En Corse, la fréquentation touristique rebondit ».
« D’avril à septembre 2024, les hébergements collectifs de tourisme enregistrent une hausse de 6,7 % par rapport à 2023. La fréquentation augmente dans les hôtels et les campings. La clientèle en provenance de l’étranger progresse fortement et celle originaire de France est de retour ».
C’est l’information publiée en décembre 2024 par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques. Or cette information est surprenante. Elle a même quelque chose d’irréel.
Pourquoi dis-je cela ? Parce que durant les onze mois qui ont précédé ce mois de décembre, la plus grande partie des journaux, des observateurs, des acteurs du monde économique nous ont inlassablement annoncé le contraire.
Pessimisme démenti
L’année 2024 avait commencé sous le signe d’un certain pessimisme. C’est ainsi que la chaîne de télévision Via Stella au mois de mars s’interrogeait : « La Corse est-elle encore une destination attractive ?» Il n’y avait rien d’anormal dans cette interrogation puisque l’INSEE lui-même s’interrogeait alors sur les effets d’une conjoncture très incertaine.
Puis, on le sait, le début de l’été fut marqué par une violente secousse politique. Après des élections européennes très décevantes pour le gouvernement en place, le président de la République décidait brutalement de dissoudre l’Assemblée nationale. Le résultat de la seconde vague d’élections ainsi provoquée fut plus perturbante encore pour le pays dans son entier. Et la décision du président de la république de reporter à la fin du mois d’août la nomination d’un nouveau gouvernement ne le fut pas moins.
Certes, la tenue à Paris des Jeux Olympiques pouvait avoir la vertu d’occuper les esprits. Mais toute personne censée se demandait tout de même si le réveil ne risquait pas d’être plus douloureux encore après l’euphorie d’une grande fête du sport, et si ce curieux enchaînement d’évènements n’était pas le signe, quelque part au sommet de l’État, d’un grave déficit dans la capacité décisionnelle. Tout cela n’était évidemment pas propice à l’éclosion d’un grand optimisme.
Et de fait, en Corse ou au sujet de la Corse, le pessimisme était perceptible. L’épisode politique dont je viens de parler tombait au pire moment qui se puisse imaginer et pouvait être de nature à faire capoter une saison qui démarrait.
« On se demande où sont les touristes », s’interrogeait la radio de service public RCFM au mois de juillet. « Dans la cité impériales les rues semblent désertes » constatait le 1er août le site Corse Net Infos.
Quinze jours plus tard, l’affaire était entendue : « On court à la catastrophe : l’été noir du tourisme en Corse », titrait le 16 aout, le journal Le Point à Paris. « La fréquentation touristique est en perte de vitesse dans l’île », « Cela va tourner au drame ». Quelques lecteurs insulaires auraient pu tenter de se rassurer : le Point est un journal parisien et les parisiens ont souvent une vision déformée de notre île.
Mais non, la presse insulaire confirmait les dire de leurs confrères de la capitale : « Tourisme : la Corse délaissée, anatomie d’une chute » titrait Corse matin le 20 août. « Au-delà des premières tendances qui pointent une saison à nouveau en repli, quid du modèle insulaire qui ne fait plus recette tandis que la désaffection observée bat en brèche l’idée d’une destination incontournable. Passée de mode la Corse ? »
Le pessimisme de ce constat était largement alimenté par les professionnels : « Le tourisme est broyé par les dysfonctionnements » titrait le 30 août La Tribune de Genève. Ce journal s’appuie alors sur les déclarations du président de la section régionale du Groupement des Hôteliers et des Restaurateurs, César Filippi : « La Corse a une économie touristique broyée par les injustices, les inégalités et les dysfonctionnements sous le regard impassible de la classe politique nationale et territoriale ».
Et César Filippi dans La Tribune et dans le journal Le Point d’énumérer les dysfonctionnements bien connus : échec de la politique de continuité territoriale, coûts prohibitifs des billets d’avion, déficit de formation professionnelle, concurrence déloyale d’un secteur para-hôtelier dérégulé et appuyé par l’État, règne de la spéculation immobilière, absence d’engagement du secteur bancaire, et cerise sur le gâteau : une agence du tourisme qui dispose de son maigre budget « en retirant la Corse des écrans promotionnels en haute saison ! Tous les professionnels souhaitent une plus grande maîtrise des flux touristiques mais pas en dissuadant les touristes de venir en été ». Ce que César Filippi vise à travers cette déclaration c’est la décision, prise par la présidente de l’agence du tourisme, « de mettre le paquet » sur la promotion des arrière-saisons et donc de réduire la promotion du cœur de l’été que « les clients » de la Corse connaissent évidemment déjà.
Dans un climat politique et économique anxiogène cette décision aurait provoqué l’affolement des professionnels qui ont donc pronostiqué la catastrophe, relayés par une grande partie de la presse.
Puis, on le sait, le début de l’été fut marqué par une violente secousse politique. Après des élections européennes très décevantes pour le gouvernement en place, le président de la République décidait brutalement de dissoudre l’Assemblée nationale. Le résultat de la seconde vague d’élections ainsi provoquée fut plus perturbante encore pour le pays dans son entier. Et la décision du président de la république de reporter à la fin du mois d’août la nomination d’un nouveau gouvernement ne le fut pas moins.
Certes, la tenue à Paris des Jeux Olympiques pouvait avoir la vertu d’occuper les esprits. Mais toute personne censée se demandait tout de même si le réveil ne risquait pas d’être plus douloureux encore après l’euphorie d’une grande fête du sport, et si ce curieux enchaînement d’évènements n’était pas le signe, quelque part au sommet de l’État, d’un grave déficit dans la capacité décisionnelle. Tout cela n’était évidemment pas propice à l’éclosion d’un grand optimisme.
Et de fait, en Corse ou au sujet de la Corse, le pessimisme était perceptible. L’épisode politique dont je viens de parler tombait au pire moment qui se puisse imaginer et pouvait être de nature à faire capoter une saison qui démarrait.
« On se demande où sont les touristes », s’interrogeait la radio de service public RCFM au mois de juillet. « Dans la cité impériales les rues semblent désertes » constatait le 1er août le site Corse Net Infos.
Quinze jours plus tard, l’affaire était entendue : « On court à la catastrophe : l’été noir du tourisme en Corse », titrait le 16 aout, le journal Le Point à Paris. « La fréquentation touristique est en perte de vitesse dans l’île », « Cela va tourner au drame ». Quelques lecteurs insulaires auraient pu tenter de se rassurer : le Point est un journal parisien et les parisiens ont souvent une vision déformée de notre île.
Mais non, la presse insulaire confirmait les dire de leurs confrères de la capitale : « Tourisme : la Corse délaissée, anatomie d’une chute » titrait Corse matin le 20 août. « Au-delà des premières tendances qui pointent une saison à nouveau en repli, quid du modèle insulaire qui ne fait plus recette tandis que la désaffection observée bat en brèche l’idée d’une destination incontournable. Passée de mode la Corse ? »
Le pessimisme de ce constat était largement alimenté par les professionnels : « Le tourisme est broyé par les dysfonctionnements » titrait le 30 août La Tribune de Genève. Ce journal s’appuie alors sur les déclarations du président de la section régionale du Groupement des Hôteliers et des Restaurateurs, César Filippi : « La Corse a une économie touristique broyée par les injustices, les inégalités et les dysfonctionnements sous le regard impassible de la classe politique nationale et territoriale ».
Et César Filippi dans La Tribune et dans le journal Le Point d’énumérer les dysfonctionnements bien connus : échec de la politique de continuité territoriale, coûts prohibitifs des billets d’avion, déficit de formation professionnelle, concurrence déloyale d’un secteur para-hôtelier dérégulé et appuyé par l’État, règne de la spéculation immobilière, absence d’engagement du secteur bancaire, et cerise sur le gâteau : une agence du tourisme qui dispose de son maigre budget « en retirant la Corse des écrans promotionnels en haute saison ! Tous les professionnels souhaitent une plus grande maîtrise des flux touristiques mais pas en dissuadant les touristes de venir en été ». Ce que César Filippi vise à travers cette déclaration c’est la décision, prise par la présidente de l’agence du tourisme, « de mettre le paquet » sur la promotion des arrière-saisons et donc de réduire la promotion du cœur de l’été que « les clients » de la Corse connaissent évidemment déjà.
Dans un climat politique et économique anxiogène cette décision aurait provoqué l’affolement des professionnels qui ont donc pronostiqué la catastrophe, relayés par une grande partie de la presse.
Rectificatif progressif
Au début du mois de septembre, la radio RCFM corrige un peu le tir : « À l’heure des premiers bilans, la fréquentation de l’île apparaît comme stable voire en légère hausse… Mais ces chiffres vont à l’encontre du ressenti de nombreux professionnels du tourisme qui, d’ores et déjà, parlent d’une saison en demi-teinte ». Et c’est effectivement ce que confirme quelques jours plus tard l’Union régionale des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) dans un article de Corse Net Infos : « Cette saison s’inscrit dans une tendance baissière de la fréquentation des établissements marchands entamée avant le Covid ».
Le problème donc, c’est que concernant la Corse, ce n’est pas ce que nous disent les chiffres de l’INSEE. La catastrophe annoncée n’aurait pas eu lieu. Certes, au niveau national en France, le bilan n’est pas enthousiasmant : « la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme durant la saison estivale 2024 n’atteint pas le niveau particulièrement haut de la saison 2023 ». Plus surprenant : « Malgré les Jeux Olympiques de Paris, la fréquentation en IÎe-de-France des hébergements collectifs touristiques est en repli sur l’ensemble de la saison (mai à août) ».
« La Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les seules régions métropolitaines à enregistrer une hausse de la fréquentation touristique ». Cette hausse concerne principalement les hôtels et les campings.
Paris décidemment n’aurait pas de chance. Malgré des jeux Olympiques qui ont marqué les esprits, la fréquentation touristique en Île-de-France n’a pas été au niveau espéré, et malgré une reconstruction exemplaire de Notre-Dame-de-Paris, la fête a été ternie par l’absence du Pape.
Un Pape qui a préféré venir en Corse provoquant l’ire du journal Le Figaro le 14 décembre : « Je n’irai pas à Paris ! » : « Pourquoi François refuse de venir en France ? » La colère peut faire dire de très grosses conneries ! Certes l’article qui suit corrige un peu le tir, mais c’est important un titre. La Corse, après Strasbourg et Marseille, ça ne serait donc pas la France ?
On s’en doutait un peu diront certains. Ne faites pas semblant de ne pas comprendre diront les autres. Bien sûr que la Corse c’est la France, mais ce n’est pas pareil, Paris c’est Paris ! Et c’est bien pourquoi ce qui s’y passe est toujours incommensurablement plus important que ce qui se passe ailleurs. Ailleurs en province. Alors imaginez en Corse ! Sans la France, c’est-à-dire sans Paris, la situation ne serait-elle pas dix mille fois plus grave ? Le président de la République l’a bien dit aux Mahorais…
Le problème donc, c’est que concernant la Corse, ce n’est pas ce que nous disent les chiffres de l’INSEE. La catastrophe annoncée n’aurait pas eu lieu. Certes, au niveau national en France, le bilan n’est pas enthousiasmant : « la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme durant la saison estivale 2024 n’atteint pas le niveau particulièrement haut de la saison 2023 ». Plus surprenant : « Malgré les Jeux Olympiques de Paris, la fréquentation en IÎe-de-France des hébergements collectifs touristiques est en repli sur l’ensemble de la saison (mai à août) ».
« La Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les seules régions métropolitaines à enregistrer une hausse de la fréquentation touristique ». Cette hausse concerne principalement les hôtels et les campings.
Paris décidemment n’aurait pas de chance. Malgré des jeux Olympiques qui ont marqué les esprits, la fréquentation touristique en Île-de-France n’a pas été au niveau espéré, et malgré une reconstruction exemplaire de Notre-Dame-de-Paris, la fête a été ternie par l’absence du Pape.
Un Pape qui a préféré venir en Corse provoquant l’ire du journal Le Figaro le 14 décembre : « Je n’irai pas à Paris ! » : « Pourquoi François refuse de venir en France ? » La colère peut faire dire de très grosses conneries ! Certes l’article qui suit corrige un peu le tir, mais c’est important un titre. La Corse, après Strasbourg et Marseille, ça ne serait donc pas la France ?
On s’en doutait un peu diront certains. Ne faites pas semblant de ne pas comprendre diront les autres. Bien sûr que la Corse c’est la France, mais ce n’est pas pareil, Paris c’est Paris ! Et c’est bien pourquoi ce qui s’y passe est toujours incommensurablement plus important que ce qui se passe ailleurs. Ailleurs en province. Alors imaginez en Corse ! Sans la France, c’est-à-dire sans Paris, la situation ne serait-elle pas dix mille fois plus grave ? Le président de la République l’a bien dit aux Mahorais…
L’onction du Pape !
Pourquoi donc le Pape François a-t-il absolument voulu braquer les projecteurs sur la Corse en ce mois de décembre 2024 ? Quelle mouche l’a piqué ? La Corse qui ne serait pas seulement riche de ses plages et de ses eaux turquoises. Qui serait riche également de ses traditions religieuses et culturelles, de sa langue et de ses confréries, de son peuple accueillant et enthousiaste. Un peuple capable d’entonner à l’unisson le Dio Vi Salve Regina, un chant religieux, à la fin d’une messe sous le regard des prélats du Vatican étonnés, et des journalistes éberlués. Un peuple décidément incompréhensible. Tellement incompréhensible que ce serait sans doute la preuve même de son existence.
Pour 2025, il ne faut plus lâcher cette idée papale d’une terre qui serait redevenue riche d’elle-même, digne de considération. Ca vaut mieux que toutes les campagnes publicitaires. Et c’est d’un autre niveau !
Il reste une question sans réponse. Une question qui ne date pas d’aujourd’hui. Dans les années 1970, l’Association pour le développement touristique de la Corse, présidée par Emile Arrighi de Casanova, publiait un rapport qui s’ouvrait sur un constat : « Aussi longtemps que le développement du tourisme n’a été qu’une espérance, son rôle a été présenté comme cumulant tous les avantages et toutes les vertus. Aujourd’hui qu’il est devenu réalité, l’acuité des problèmes force à s’interroger sur la manière de substituer une politique volontaire au laisser-faire des initiatives incontrôlées. La réflexion bute alors sur une considération fondamentale jusqu’ici trop négligée : celle d’une population jalouse, à juste titre, de ses modes de vie, de son environnement, des liens avec la terre où son passé l’enracine et où le présent la conduit à vivre ».
Les Corses bien sûr ne sont pas les seuls à se poser ce genre de question. Partout ce qu’on appelle pudiquement « le surtourisme » devient un sujet d’inquiétude. Quand les touristes ne viennent pas c’est la catastrophe. Quand ils viennent c’est l’angoisse. "Vos traditions sont un exemple, préservez-les" dit le Pape. Mais en le disant, en attirant l’attention du monde sur cet exemple, ne le met-il pas plus encore en danger ? Les temps ne sont pas à la sérénité, les repères ont volé en éclats. Cela non plus n’est pas nouveau, le serpent depuis toujours se mord la queue. A Pâques les pénitents nous montreront à travers la granitula comment éviter ce piège.
Pour 2025, il ne faut plus lâcher cette idée papale d’une terre qui serait redevenue riche d’elle-même, digne de considération. Ca vaut mieux que toutes les campagnes publicitaires. Et c’est d’un autre niveau !
Il reste une question sans réponse. Une question qui ne date pas d’aujourd’hui. Dans les années 1970, l’Association pour le développement touristique de la Corse, présidée par Emile Arrighi de Casanova, publiait un rapport qui s’ouvrait sur un constat : « Aussi longtemps que le développement du tourisme n’a été qu’une espérance, son rôle a été présenté comme cumulant tous les avantages et toutes les vertus. Aujourd’hui qu’il est devenu réalité, l’acuité des problèmes force à s’interroger sur la manière de substituer une politique volontaire au laisser-faire des initiatives incontrôlées. La réflexion bute alors sur une considération fondamentale jusqu’ici trop négligée : celle d’une population jalouse, à juste titre, de ses modes de vie, de son environnement, des liens avec la terre où son passé l’enracine et où le présent la conduit à vivre ».
Les Corses bien sûr ne sont pas les seuls à se poser ce genre de question. Partout ce qu’on appelle pudiquement « le surtourisme » devient un sujet d’inquiétude. Quand les touristes ne viennent pas c’est la catastrophe. Quand ils viennent c’est l’angoisse. "Vos traditions sont un exemple, préservez-les" dit le Pape. Mais en le disant, en attirant l’attention du monde sur cet exemple, ne le met-il pas plus encore en danger ? Les temps ne sont pas à la sérénité, les repères ont volé en éclats. Cela non plus n’est pas nouveau, le serpent depuis toujours se mord la queue. A Pâques les pénitents nous montreront à travers la granitula comment éviter ce piège.