Lorsque la fin de l’année approche, il est temps de se disposer à des souhaits formulés en règle. Ils doivent être clairement énoncés, le plus tôt possible, au jour dit (même si, désormais, on se montre plus tolérant).
Et si ce moment est passé, qu’on a tout fait selon l’usage : acte propice car l’ordre est mis. Avec des paroles à leur place, les présages sont au beau fixe. Nulle réserve en apparence. La conviction paraît de mise – face au temps qui se joue de tout :
Bon dì è bon annu, Bonjour et bonne année,
Bon capu d’annu Bon jour de l’an,
Pace è salute Paix et santé
Per tuttu l’annu. Pour toute l’année
Et si ce moment est passé, qu’on a tout fait selon l’usage : acte propice car l’ordre est mis. Avec des paroles à leur place, les présages sont au beau fixe. Nulle réserve en apparence. La conviction paraît de mise – face au temps qui se joue de tout :
Bon dì è bon annu, Bonjour et bonne année,
Bon capu d’annu Bon jour de l’an,
Pace è salute Paix et santé
Per tuttu l’annu. Pour toute l’année
Mise en œuvre d’exactitude pour les douze mois à venir (un relatif court terme, en somme…). Souhaits, conjuration, tout cela est dès lors cadré.[1]
Mais on peut insister encore, et se montrer plus ambitieux dans l’idée de se projeter et de garantir l’avenir :
Bon dì è bon annu, Bonjour et bonne année,
È per cent’anni. Et pour cent ans.
Mais on peut insister encore, et se montrer plus ambitieux dans l’idée de se projeter et de garantir l’avenir :
Bon dì è bon annu, Bonjour et bonne année,
È per cent’anni. Et pour cent ans.
[1] Et puisqu’il est question des mois, rappel d’adage bien tourné : « Trenta dì conta nuvembre, cun aprile, ghjugnu è settembre. Tutti l’altri sò di trentunu è di vintottu ùn ci n’hè ch’è unu »
Effet de société ancienne hantée par la crainte du manque, assurons-nous du nécessaire, au moins dans la continuité :
Bon dì, bon annu, Bonjour et bonne année,
Pace è salute Paix et santé
È bon bucconi. Et belles bouchées.
Manger à sa faim ? Décisif, et source de plaisir certain (à ce propos, ce sont surtout les idées de régularité et de quantité qui valent : le "bon" de bon bucconi relève davantage de ces registres-là).
Bon dì, bon annu, Bonjour et bonne année,
Pace è salute Paix et santé
È bon bucconi. Et belles bouchées.
Manger à sa faim ? Décisif, et source de plaisir certain (à ce propos, ce sont surtout les idées de régularité et de quantité qui valent : le "bon" de bon bucconi relève davantage de ces registres-là).
Fin d’une année, début d’une autre : les passages sont facteurs de trouble. Mais gestes et mots les accompagnent, les signalent et leur font soutien. Des termes sont de bon augure, un pari sur la transition vers un avenir plus propice, moins obscur et moins inquiétant. Tempo juste et force des mots, le rituel est adéquat. On le réactive et répète envers tous ceux auxquels on tient.
On peut être aussi plus râpeux, justement parce qu’il y a contrainte. Effet de dérision possible, ton burlesque et de raillerie : prendre de biais ce qui oblige est façon de l’entretenir. Parodier n’est pas oublier mais autre façon de poursuivre.
Sous la drôlerie, l’ordre veille. Qu’on en juge par ces "victimes"…
"Attention" à l’égard des femmes ? Le propos n’étonnera pas :
Bon dì, bon annu, Bonjour et bonne année,
Bon capu d’annu, Bon jour de l’an,
Centu chjodi in un calcagnu, Cent clous dans un talon,
Altre tante in una cula, Et tout autant dans une fesse,
Che tu peti cum’è una mula. Que tu pètes comme une mule.
"Attention" pour un homme âgé ? Assaut de front pour "vénérable", auquel on devrait le respect :
Bon dì, bon annu, Bonjour et bonne année,
Bon capu d’annu, Bon jour de l’an,
Centu chjodi in un calcagnu, Cent clous dans un talon,
Altre tante in una coscia, Et tout autant dans une cuisse,
Ch’elli vi portinu indu a fossa. Qu’ils vous conduisent dans la fosse
Prendre de biais la convention, en Ampugnani (il convient toujours de situer…), on voit bien qu’on savait y faire. Matière à rire de bon cœur, ces strufette passaient très bien. Sauf pour les cibles potentielles, comprenant qu’on les désignait de façon plus ou moins directe ? Elles pouvaient en rire, elles aussi.
Moralité :
Une échéance redoutée ? Et des menaces à contrôler ?
Mieux vaut la paix que les sarcasmes. Mais, néanmoins, le risque est là.
Ce dettu vaut pour toute l’année – et toutes les nuits, constamment :
Bona notte, bona notte Bonne nuit, bonne nuit,
Che u diavule vi pigli stanotte ! Que le diable vous emporte cette nuit !
On peut être aussi plus râpeux, justement parce qu’il y a contrainte. Effet de dérision possible, ton burlesque et de raillerie : prendre de biais ce qui oblige est façon de l’entretenir. Parodier n’est pas oublier mais autre façon de poursuivre.
Sous la drôlerie, l’ordre veille. Qu’on en juge par ces "victimes"…
"Attention" à l’égard des femmes ? Le propos n’étonnera pas :
Bon dì, bon annu, Bonjour et bonne année,
Bon capu d’annu, Bon jour de l’an,
Centu chjodi in un calcagnu, Cent clous dans un talon,
Altre tante in una cula, Et tout autant dans une fesse,
Che tu peti cum’è una mula. Que tu pètes comme une mule.
"Attention" pour un homme âgé ? Assaut de front pour "vénérable", auquel on devrait le respect :
Bon dì, bon annu, Bonjour et bonne année,
Bon capu d’annu, Bon jour de l’an,
Centu chjodi in un calcagnu, Cent clous dans un talon,
Altre tante in una coscia, Et tout autant dans une cuisse,
Ch’elli vi portinu indu a fossa. Qu’ils vous conduisent dans la fosse
Prendre de biais la convention, en Ampugnani (il convient toujours de situer…), on voit bien qu’on savait y faire. Matière à rire de bon cœur, ces strufette passaient très bien. Sauf pour les cibles potentielles, comprenant qu’on les désignait de façon plus ou moins directe ? Elles pouvaient en rire, elles aussi.
Moralité :
Une échéance redoutée ? Et des menaces à contrôler ?
Mieux vaut la paix que les sarcasmes. Mais, néanmoins, le risque est là.
Ce dettu vaut pour toute l’année – et toutes les nuits, constamment :
Bona notte, bona notte Bonne nuit, bonne nuit,
Che u diavule vi pigli stanotte ! Que le diable vous emporte cette nuit !