Peu de gens savent ce que l’Union européenne fait pour la Corse. Vox clamantis in deserto, le Président de l’Assemblée de Corse indiquait en 2014 que l’Union européenne investirait 298,3 millions d’euros sur les six prochaines années, soit 1,87% de plus que lors du précédent programme. Fort bien.
Ces millions d’euros ont-ils été réellement investis ? Sans doute, mais fondus dans le grand magma de la dépense publique ! Sans compter – car ce qui compte ne se compte pas, disait paraît-il Albert Einstein - toute une série de règles qui protègent notre santé, notre environnement, nos produits, notre économie, notre culture. Et notre paix. À en faire le compte aujourd’hui, quelqu’un s’en est-il aperçu, les six ans passés ? Notre vie en a-t-elle été transformée en mieux ? En pire ? Quelle conscience avons-nous, collectivement et individuellement, du rôle que l’Union Européenne joue dans notre vie quotidienne ?
Encore moins nombreux sont ceux qui savent ce qu’elle fera dans le futur proche. Sur ce dernier point, la candidature de Bastia comme capitale européenne de la culture pour 2028 peut être un bon indicateur sur l’état de l’opinion publique, comme du niveau réel d’information des responsables politiques, des réalités objectives du Léviathan nommé Union Européenne.
Mais la vraie question n’est-elle pas : qu’est-ce que la Corse peut faire pour l’Europe ? J’y ai longuement réfléchi, et il me semble que nous pourrions déjà, en tant qu’île, apporter à ce continent qui se croit plus vieux que les autres et qui s’est longtemps pensé comme le centre du monde, l’expérience vécue de l’altérité. Oui, le monde n’est pas l’Europe, et l’Europe n’est pas le monde, il faudra s’y faire et vivre entouré d’autres qui ne sont pas comme nous. Echanger tout en continuant d’être soi-même. Donner pour s’enrichir, recevoir des autres sans les appauvrir, adopter ou refuser selon que l’on apprécie ou pas l’apport. De même, accepter et assumer l’héritage des siens mais aussi en renier ce qui n’est pas – n’est plus ? – acceptable.
La Corse peut aussi apporter à l’Europe, qui se croyait vaste mais qui ne l’est plus, l’expérience de la petitesse et la faire méditer sur le small is beautiful au lieu de poursuivre d’inutiles rêves de grandeur.
La Corse peut encore donner à l’Europe quelques indications sur les techniques de résistance culturelle, car sur ce plan-là elle fait presque figure d’exception dans le monde d’aujourd’hui.
Elle peut, bien sûr, aider l’Europe à prendre conscience que la mise en œuvre du principe de subsidiarité a besoin, et l’expérience le prouve, pour être efficace d’un investissement sur le temps long en matière de formation à la responsabilité. Ce qui n’est pas une mince affaire, car il ne s’agit pas ici de générer un génie individuel – on a déjà donné ! – mais des équipes de qualité.
Elle peut enfin, fidèle en cela aux propos de Jean-Toussaint Desanti, être une école pour les citoyennetés gigognes de l’Europe de demain par la pratique de ce qu’il nomma si bien « l’ubiquité symbolique » : être de sa famille, de son village, de son île, de l’Europe et du monde tout en étant soi-même.
Ces millions d’euros ont-ils été réellement investis ? Sans doute, mais fondus dans le grand magma de la dépense publique ! Sans compter – car ce qui compte ne se compte pas, disait paraît-il Albert Einstein - toute une série de règles qui protègent notre santé, notre environnement, nos produits, notre économie, notre culture. Et notre paix. À en faire le compte aujourd’hui, quelqu’un s’en est-il aperçu, les six ans passés ? Notre vie en a-t-elle été transformée en mieux ? En pire ? Quelle conscience avons-nous, collectivement et individuellement, du rôle que l’Union Européenne joue dans notre vie quotidienne ?
Encore moins nombreux sont ceux qui savent ce qu’elle fera dans le futur proche. Sur ce dernier point, la candidature de Bastia comme capitale européenne de la culture pour 2028 peut être un bon indicateur sur l’état de l’opinion publique, comme du niveau réel d’information des responsables politiques, des réalités objectives du Léviathan nommé Union Européenne.
Mais la vraie question n’est-elle pas : qu’est-ce que la Corse peut faire pour l’Europe ? J’y ai longuement réfléchi, et il me semble que nous pourrions déjà, en tant qu’île, apporter à ce continent qui se croit plus vieux que les autres et qui s’est longtemps pensé comme le centre du monde, l’expérience vécue de l’altérité. Oui, le monde n’est pas l’Europe, et l’Europe n’est pas le monde, il faudra s’y faire et vivre entouré d’autres qui ne sont pas comme nous. Echanger tout en continuant d’être soi-même. Donner pour s’enrichir, recevoir des autres sans les appauvrir, adopter ou refuser selon que l’on apprécie ou pas l’apport. De même, accepter et assumer l’héritage des siens mais aussi en renier ce qui n’est pas – n’est plus ? – acceptable.
La Corse peut aussi apporter à l’Europe, qui se croyait vaste mais qui ne l’est plus, l’expérience de la petitesse et la faire méditer sur le small is beautiful au lieu de poursuivre d’inutiles rêves de grandeur.
La Corse peut encore donner à l’Europe quelques indications sur les techniques de résistance culturelle, car sur ce plan-là elle fait presque figure d’exception dans le monde d’aujourd’hui.
Elle peut, bien sûr, aider l’Europe à prendre conscience que la mise en œuvre du principe de subsidiarité a besoin, et l’expérience le prouve, pour être efficace d’un investissement sur le temps long en matière de formation à la responsabilité. Ce qui n’est pas une mince affaire, car il ne s’agit pas ici de générer un génie individuel – on a déjà donné ! – mais des équipes de qualité.
Elle peut enfin, fidèle en cela aux propos de Jean-Toussaint Desanti, être une école pour les citoyennetés gigognes de l’Europe de demain par la pratique de ce qu’il nomma si bien « l’ubiquité symbolique » : être de sa famille, de son village, de son île, de l’Europe et du monde tout en étant soi-même.