Jusqu’aux années 1840, la Corse connaît une gestion du territoire profondément démocratique. Les pieve – anciens cantons de l’île – qui se sont gouvernées elles-mêmes pendant des siècles, perdent une grande partie de leur pouvoir politique et agraire. L’État décide d'abord de s’approprier les forêts qui étaient gérées directement par les communautés villageoises, puis il stimule une politique cadastrale pour que les terrains agricoles rentrent dans le domaine privé, très souvent au bénéfice de quelques grandes familles de sgiò alliées au pouvoir en place.
Cette politique agraire et cadastrale détruit le système d‘a Terra di u Cumunu’ où toutes les familles avaient équitablement accès à la terre pour subvenir à leurs besoins. Ce système ancestral fonctionnait selon un tirage au sort où l’on confiait les prese – des espaces agricoles destinés à la culture des céréales et à l’élevage – à chaque famille pour une durée de plusieurs années. Cela permettait à tous les membres d’une communauté d’être indépendants au niveau alimentaire, un défi qui aujourd’hui est remis au centre de l’échiquier.
Cette politique agraire et cadastrale détruit le système d‘a Terra di u Cumunu’ où toutes les familles avaient équitablement accès à la terre pour subvenir à leurs besoins. Ce système ancestral fonctionnait selon un tirage au sort où l’on confiait les prese – des espaces agricoles destinés à la culture des céréales et à l’élevage – à chaque famille pour une durée de plusieurs années. Cela permettait à tous les membres d’une communauté d’être indépendants au niveau alimentaire, un défi qui aujourd’hui est remis au centre de l’échiquier.
Naissance d'une alliance Citoyens-Paysans
La prise de conscience que la terre n’est plus accessible à ceux qui voudraient la travailler a conduit de nombreuses personnes à se rassembler dans toutes les régions de la France pour créer une alliance entre citoyens et paysans. C'est ainsi qu'est né le mouvement nommé Terre de Liens. L’objectif central a été de trouver une solution à la flambée des prix du foncier agricole et la désertification du rural. Mais que faire face à cette machine mondiale ?
Au lieu d’accepter que l’agriculture paysanne disparaisse pour toujours, des milliers de personnes ont décidé de s’unir et d'investir volontairement de l’argent pour soutenir les nouvelles générations d’agriculteurs. Devenir ‘actionnaire solidaire' ne rapporte aucun bénéfice pécuniaire, mais cela procure par contre du sens : le sens d'une solidarité active, d'un financement solidaire pour que vivent et produisent les paysans dont nous avons tant besoin. Comment ça marche concrètement ?
La réponse a été longuement réfléchie et sera finalement terriblement simple : il fallait permettre à chaque citoyen de placer 100€ – le prix de l’achat d’une action – dans un fonds commun pour pouvoir acheter des terrains et des fermes afin d'installer des paysans. Mais au lieu de juste ‘donner’ 100€, le but a été de s’assurer que personne ne perde de l’argent. Pour cela un système ‘d’actions solidaires’ a été mis en place où l’on peut retirer son argent quand on veut, sans perdre un seul centime…
Au commencement, dans les années 2000, plusieurs fermes ont été rachetées grâce à ce système et au vu du succès grandissant, d’autres régions ont demandé que Terre de Liens s’installe durablement.
Un détail qui impressionne toujours beaucoup, c’est que Terre de Liens n'est pas un propriétaire comme les autres : de par sa structure juridique même, Terre de Liens donne la garantie de ne jamais revendre la terre et propose automatiquement un bail de carrière au paysan. Cela veut dire que l'agriculteur ne dépense pas un seul sou pour l’achat du terrain et paie seulement un fermage, une location minime annuelle déterminée par la préfecture de chaque département.
Au lieu d’accepter que l’agriculture paysanne disparaisse pour toujours, des milliers de personnes ont décidé de s’unir et d'investir volontairement de l’argent pour soutenir les nouvelles générations d’agriculteurs. Devenir ‘actionnaire solidaire' ne rapporte aucun bénéfice pécuniaire, mais cela procure par contre du sens : le sens d'une solidarité active, d'un financement solidaire pour que vivent et produisent les paysans dont nous avons tant besoin. Comment ça marche concrètement ?
La réponse a été longuement réfléchie et sera finalement terriblement simple : il fallait permettre à chaque citoyen de placer 100€ – le prix de l’achat d’une action – dans un fonds commun pour pouvoir acheter des terrains et des fermes afin d'installer des paysans. Mais au lieu de juste ‘donner’ 100€, le but a été de s’assurer que personne ne perde de l’argent. Pour cela un système ‘d’actions solidaires’ a été mis en place où l’on peut retirer son argent quand on veut, sans perdre un seul centime…
Au commencement, dans les années 2000, plusieurs fermes ont été rachetées grâce à ce système et au vu du succès grandissant, d’autres régions ont demandé que Terre de Liens s’installe durablement.
Un détail qui impressionne toujours beaucoup, c’est que Terre de Liens n'est pas un propriétaire comme les autres : de par sa structure juridique même, Terre de Liens donne la garantie de ne jamais revendre la terre et propose automatiquement un bail de carrière au paysan. Cela veut dire que l'agriculteur ne dépense pas un seul sou pour l’achat du terrain et paie seulement un fermage, une location minime annuelle déterminée par la préfecture de chaque département.
L'outil anti-spéculatif par excellence
Un véritable outil anti-spéculatif est né. Une garantie pour le citoyen et le paysan. Une garantie pour le non-détournement de la vocation des terres agricoles et un vrai rempart efficace contre la spirale spéculative. Détail qui n'est pas anodin, dans TDL chaque région bénéficie de la solidarité des autres, de tous les actionnaires nationaux, ce qui est capital pour les territoires exigus comme la Corse.
Cet idéalisme des actionnaires – dont le nombre s'élève aujourd'hui à 20000 personnes – a permis en seulement 22 ans l'acquisition de 360 fermes dans toute la France. Ces fermes sont gérées par 700 paysans qui n’ont pas eu à payer l’achat du terrain pour pouvoir s’installer, mais ont l’obligation de s'engager pour une agriculture de qualité, sans produits et pratiques toxiques. Au bout de sa carrière, le paysan pourra de manière préférentielle transmettre ce contrat avec TDL à ses descendants, s’ils sont porteurs de projets agricoles et nourriciers. Aujourd’hui, tous les métiers agricoles sont présents, de l’élevage au maraîchage, de la viticulture à l’arboriculture…
Au début des années 2020, face à la spéculation effrénée et l'abandon des villages, l’ONG Umani soutenue par de nombreux citoyens se mobilise afin d'installer cette nouvelle initiative au service du modèle agricole en Corse. Après quelques années de réflexion, Terre de Liens Corsica - Terra di u Cumunu - a été créée, avec son bureau domicilié au Centre de Promotion Sociale (CPS) à Corti.
Plusieurs objectifs ont été définis pour lancer Terra di u Cumunu sur l’île. Premièrement, elle accompagne les porteurs de projet ainsi que les propriétaires désireux d'un rapport éthique à la terre – ceux qui veulent vendre sans détournement de la vocation agricole. Elle crée des groupes de bénévoles dans chaque microrégion, cherche du foncier et bien évidemment, installe des paysans producteurs.
Terra di u Cumunu n’a pas vocation à devenir propriétaire à tout prix, et peut également d'intervenir dans les formations agricoles et encourager les vocations que tant de monde décourage aujourd’hui. Elle accompagne les communautés de communes qui doivent instaurer un Plan alimentaire territorial (PAT) et participe au débat sur l’agriculture nourricière avec le soutien de chercheurs à l’Université de Corse.
L'objectif de TDL est clair : veiller sur la terre nourricière, faire rempart à la spéculation et installer durablement des paysans. Une première installation de maraîchage grâce à a Terra di u Cumunu sera bientôt effective sur 2,5 hectares en Haute-Corse, ce qui ouvre enfin la porte à un Riacquistu di a Terra sur l’île.
Cet idéalisme des actionnaires – dont le nombre s'élève aujourd'hui à 20000 personnes – a permis en seulement 22 ans l'acquisition de 360 fermes dans toute la France. Ces fermes sont gérées par 700 paysans qui n’ont pas eu à payer l’achat du terrain pour pouvoir s’installer, mais ont l’obligation de s'engager pour une agriculture de qualité, sans produits et pratiques toxiques. Au bout de sa carrière, le paysan pourra de manière préférentielle transmettre ce contrat avec TDL à ses descendants, s’ils sont porteurs de projets agricoles et nourriciers. Aujourd’hui, tous les métiers agricoles sont présents, de l’élevage au maraîchage, de la viticulture à l’arboriculture…
Au début des années 2020, face à la spéculation effrénée et l'abandon des villages, l’ONG Umani soutenue par de nombreux citoyens se mobilise afin d'installer cette nouvelle initiative au service du modèle agricole en Corse. Après quelques années de réflexion, Terre de Liens Corsica - Terra di u Cumunu - a été créée, avec son bureau domicilié au Centre de Promotion Sociale (CPS) à Corti.
Plusieurs objectifs ont été définis pour lancer Terra di u Cumunu sur l’île. Premièrement, elle accompagne les porteurs de projet ainsi que les propriétaires désireux d'un rapport éthique à la terre – ceux qui veulent vendre sans détournement de la vocation agricole. Elle crée des groupes de bénévoles dans chaque microrégion, cherche du foncier et bien évidemment, installe des paysans producteurs.
Terra di u Cumunu n’a pas vocation à devenir propriétaire à tout prix, et peut également d'intervenir dans les formations agricoles et encourager les vocations que tant de monde décourage aujourd’hui. Elle accompagne les communautés de communes qui doivent instaurer un Plan alimentaire territorial (PAT) et participe au débat sur l’agriculture nourricière avec le soutien de chercheurs à l’Université de Corse.
L'objectif de TDL est clair : veiller sur la terre nourricière, faire rempart à la spéculation et installer durablement des paysans. Une première installation de maraîchage grâce à a Terra di u Cumunu sera bientôt effective sur 2,5 hectares en Haute-Corse, ce qui ouvre enfin la porte à un Riacquistu di a Terra sur l’île.
Citadini è paisani pruduttori
Pour s’assurer que l’association Terra di u Cumunu repose sur un fonctionnement profondément démocratique, chaque Association Territoriale fonctionne de façon autonome avec un Conseil d’Administration (CA) qui est à la gouvernance. En Corse, ce conseil est actuellement composé de dix personnes issues du milieu associatif avec deux co-présidents ; Vincente Cucchi et Jean-François Bernardini. Les autres administrateurs sont issus du monde agricole, des organisations comme Interbio-Corsica, Via Campagnola avec Paul-André Fluixa, Nature et Progrès avec Jean-François Gauthier et U Polpu avec Pierre-Laurent Santelli pour en citer quelques-uns.
Cette autonomie est essentielle pour assurer une proximité avec le territoire. Un vrai défi dans un monde ou de nombreuses décisions sont prises loin de la réalité du paysan. Grâce à cette proximité, Terra di u Cumunu peut jouer un rôle auprès des institutions pour faciliter la vie du paysan et porter de l’humanité là ou l’on est souvent devenu un simple numéro. Ce lien qui se crée est essentiel dans une réalité ou l’installation agricole est devenue un parcours du combattant et où la confiance a été sérieusement abimée.
Cette confiance est essentielle pour donner la main aux paysans d'aujourd'hui et de demain… Est-ce que nous avons toujours confiance en l’avenir ? Est-ce que nous croyons que nos villages en terrasses et nos montagnes puissent avoir un futur ? Est-ce que nous pensons que le lien entre nous tous est toujours possible ?
Dans Terra di u Cumunu la réponse est claire : Iè ! Oui nous pouvons prévoir un bel avenir pour les générations futures. Oui, nous pouvons repeupler de façon intelligente nos villages. Et oui, nous pouvons faire cela ensemble.
Terre de Liens est un mouvement citoyen, indépendant des institutions, entreprises et médias. Elle a choisi la force du peuple car chaque citoyen peut devenir ‘actionnaire' de ce destin commun en achetant une action à 100 euros, destiné uniquement à sa région ou à toute la France.
C'est cela le scénario vertueux de la terre du commun, de la terre à ceux qui la travaillent, de la terre qui n'est pas une marchandise, de la terre avec des paysans qui produisent ce que nous mangeons. Pour cela l'alliance paysan-citoyen est indispensable et plus que jamais nécessaire. Ùn ci n'h'è Terra senza paisani pruduttori !
Dans l'esprit de Terra di u Cumunu, le peuple de la Terre n’a pas oublié que nos anciens géraient la terre collectivement et qu’il nous appartient de nous en inspirer efficacement, urgemment et durablement. Propriétaires, citoyens, paysans, il nous appartient plus que jamais, d’accompagner et de renouveler notre rapport éthique à la terre!
Cette autonomie est essentielle pour assurer une proximité avec le territoire. Un vrai défi dans un monde ou de nombreuses décisions sont prises loin de la réalité du paysan. Grâce à cette proximité, Terra di u Cumunu peut jouer un rôle auprès des institutions pour faciliter la vie du paysan et porter de l’humanité là ou l’on est souvent devenu un simple numéro. Ce lien qui se crée est essentiel dans une réalité ou l’installation agricole est devenue un parcours du combattant et où la confiance a été sérieusement abimée.
Cette confiance est essentielle pour donner la main aux paysans d'aujourd'hui et de demain… Est-ce que nous avons toujours confiance en l’avenir ? Est-ce que nous croyons que nos villages en terrasses et nos montagnes puissent avoir un futur ? Est-ce que nous pensons que le lien entre nous tous est toujours possible ?
Dans Terra di u Cumunu la réponse est claire : Iè ! Oui nous pouvons prévoir un bel avenir pour les générations futures. Oui, nous pouvons repeupler de façon intelligente nos villages. Et oui, nous pouvons faire cela ensemble.
Terre de Liens est un mouvement citoyen, indépendant des institutions, entreprises et médias. Elle a choisi la force du peuple car chaque citoyen peut devenir ‘actionnaire' de ce destin commun en achetant une action à 100 euros, destiné uniquement à sa région ou à toute la France.
C'est cela le scénario vertueux de la terre du commun, de la terre à ceux qui la travaillent, de la terre qui n'est pas une marchandise, de la terre avec des paysans qui produisent ce que nous mangeons. Pour cela l'alliance paysan-citoyen est indispensable et plus que jamais nécessaire. Ùn ci n'h'è Terra senza paisani pruduttori !
Dans l'esprit de Terra di u Cumunu, le peuple de la Terre n’a pas oublié que nos anciens géraient la terre collectivement et qu’il nous appartient de nous en inspirer efficacement, urgemment et durablement. Propriétaires, citoyens, paysans, il nous appartient plus que jamais, d’accompagner et de renouveler notre rapport éthique à la terre!
Pour aller plus loin
Sur la gestion des forêts en Corse, article de Gilles Guerrini accessible ici